La commission d’enquête parlementaire (CEP) sur la débâcle de Credit Suisse a remis son rapport : entre 2012 et 2022, les managers du Crédit Suisse se sont versés 32 milliards de bonus. Dans son rapport, la CEP évoque des années de mauvaise gestion. Un sujet n’est cependnat pas abordé par la CEP : comment s’assurer qu’une telle débâcle ne se reproduise pas avec la nouvelle UBS XXL ? Une possibilité serait d’interdire les bonus pour les banques d’importance systémique, comme l’avait demandé le Conseil national en acceptant une motion du PS en mai 2023.
Une étude de l’université de Zurich montre que les pratiques en matière de bonus encouragent un comportement contraire à l’éthique. Le mécanisme est simple : pour obtenir des bonus toujours plus élevés, les managers prennent des risques toujours plus importants. En cas d’urgence, la banque est sauvée ensuite par l’État. La garantie implicite actuelle de l’État à l’UBS correspond à une subvention annuelle de l’UBS pouvant atteindre 45 milliards. Cela correspond à un coût de 8 400 francs par contribuable.
Les partis bourgeois ont délibérément affaibli la Finma
Le rapport de la commission d’enquête montre que l’affaiblissement de l’autorité de surveillance des marchés financiers (Finma) a conduit à un dramatique laisser-faire dans le cas de Credit Suisse. La CEP écrit qu’en 2017, la Finma a accordé à la banque un sursis en allégeant largement ses fonds propres, ce qui a finalement contribué à sa chute. En outre, les partis bourgeois ont délibérément affaibli les autorités pendant des années et se sont mis au service du lobby bancaire.
Un exemple : en 2018, le Parlement a adopté une motion soutenue par SwissBanking. Elle demandait « une garantie efficace pour le pilotage et le contrôle politiques de la Finma ». L’objectif était de permettre au Conseil fédéral, sous la direction du ministre des Finances Ueli Maurer, de renforcer le contrôle de la Finma. Parallèlement, plusieurs interventions ont été déposées, dont le dénominateur commun était d’interdire à la Finma de réguler efficacement le secteur financier.
Aujourd’hui encore, les liens entre les partis bourgeois et le lobby bancaire sont étroits. Selon les chiffres officiels, l’UBS a versé en 2023 pas moins de 675 000 francs à l’UDC, au PLR, au Centre et aux Verts libéraux sous forme de dons.
Les risques liés à une UBS XXL doivent être réduits
Dans son rapport, la CEP conclut que la législation Too big to fail (TBTF) actuelle ne permet pas de résister à une crise majeure comme celle de Credit Suisse. Cela signifie qu’UBS, dans sa forme XXL, représente un risque jamais vu pour la Suisse. Une opération de sauvetage pourrait nécessiter l’investissement d’une somme équivalente à l’ensemble du PIB de la Suisse.
Pour le Conseil fédéral, l’affaire ne semble pas avoir de caractère urgent, malgré les risques énormes. La réglementation bancaire devrait revenir à l’ordre du jour parlementaire au plus tôt en 2027, soit quatre ans après la chute de Credit Suisse. Durant cette période, la Suisse devra prendre d’énormes risques. Mais la pression qui pourrait s’exercer après la publication du rapport de la CEP devrait accélérer ce processus.