Une imposition de 50 % sur les successions de plus de 50 millions de francs. C’est ce qu’exige « l’initiative pour l’avenir » de la Jeunesse socialiste, que le Parlement a rejeté. Les recettes supplémentaires financeraient des mesures de protection du climat. La section de jeunesse du Parti socialiste veut ainsi combattre l’inégalité des richesses et le réchauffement climatique en même temps.
Durant le débat parlementaire, la droite a montré une fois de plus qu’elle traite la question d’imposer les héritages des ultra-riches d’un point de vue purement idéologique. Déjà dans la Commission de l’économie et des redevances, les partis bourgeois ont empêché que l’administration fédérale calcule les scénarios alternatifs à l’initiative. Pourtant, le PS et les Vert-es avaient fait plusieurs propositions.
Karin Keller-Sutter, la ministre des Finances, lutte aussi avec véhémence contre l’initiative pour l’avenir. Elle met la population en garde contre le départ des ultra-riches de la Suisse et les surcoûts que cela pourrait entraîner, car ils et elles ne paieraient plus d’impôts. Cette mise en garde s’appuie sur une étude qui ne considère que les patrimoines comptabilisés, comme le rapporte le Tages-Anzeiger.
Si l’étude prenait en considération aussi les patrimoines des personnes imposées au forfait, un impôt sur les héritages pourrait apporter significativement plus d’argent. Et, selon l’administration financière, les patrimoines de ceux et celles imposé-es au forfait sont pertinents pour le calcul. En résumé : les chiffres présentés par KKS sont incomplets et inutilisables.
Des millionnaires qui luttent pour une imposition des ultra-riches globale
L’initiative pour l’avenir prévoit une franchise exonérée de 50 millions de francs et ne touche donc que les multimillionnaires. Si l’on prend en compte le développement du répartissement de la fortune globale, une imposition telle que celle proposée par la JS est absolument justifiée.
En janvier 2025, les milliardaires des pays du G20 se sont enrichi-es de 314 milliards de dollars. Pour gagner la même somme en un an, il faudrait 15 millions de salarié-es moyen-nes. En Suisse, une personne du plus riche pourcent de la population gagne en neuf jours seulement le même montant qu’une personne de la plus pauvre moitié une année entière.
C’est pour cette raison que l’idée d’un impôt pour les ultra-riches est même soutenue par les ultra-riches. Presque 300 millionnaires, économistes et politicien-nes revendiquent un impôt global pour les personnes très riches dans une lettre ouverte. La mise en œuvre de cette dernière devrait se faire plus tôt que tard, car les inégalités mondiales ont pris « une ampleur dangereuse » et menacent la stabilité politique dans le monde entier.
Les multimillionnaires détruisent le climat
Parallèlement, le rapport d’Oxfam au sujet des inégalités climatiques montre que le plus riche 1 % de la population produit autant d’émissions de gaz à effet de serre que les 5 milliards de personnes les plus pauvres au monde. En plus, les ultra-riches sont amorti confortablement par leur richesse. Donc, les responsables principaux du réchauffement climatique sont le moins touché-es par les conséquences de leur comportement, telle que l’insécurité alimentaire ou les catastrophes naturelles.
Le 1 % le plus riche de la population suisse émet en moyenne 195 tonnes de CO2 par an, tandis que les personnes à faibles revenus émettent en moyenne neuf tonnes par an. Ernesto Bertarelli, septième fortune de Suisse et héritier de l’entreprise paternelle, émet plus de 10 000 tonnes de CO2 par an. Une personne moyenne a besoin d’environ 770 ans pour polluer autant.
Les pays voisins de la Suisse, comme l’Italie, l’Allemagne ou la France, ont déjà mis en place un impôt sur les successions. Le débat au Parlement a principalement porté sur la question de savoir si les ultra-riches quitteraient la Suisse si un impôt sur les successions était introduit à partir de 50 millions. Mais la question la plus importante serait : est-ce que la Suisse veut se joindre aux efforts internationaux en faveur d’une imposition équitable ?