L’initiative SSR vise à réduire la redevance radio et télévision de 335 francs à 200 francs. Le comité à l’origine de cette initiative souhaite ainsi atteindre « plus de marché et moins d’État » dans le paysage médiatique suisse. Selon ce dernier, affaiblir la SSR renforcerait les médias privés. Cependant, une nouvelle étude montre que cet argument ne résiste pas à l’épreuve des faits.
Réduire le service public sur le web n’est pas une solution
À la mi-mai, la directrice générale de la SSR, Susanne Wille, et l’association des éditeurs ont annoncé leur intention de prendre des mesures communes pour renforcer le paysage médiatique suisse. À l’avenir, la SSR se concentrera « encore davantage » sur la radio et la télévision dans le cadre de son offre en ligne et limitera le reste.
En contrepartie, les médias privés auront moins de concurrence dans le journalisme en ligne. Dans le cadre de cet accord, l’association des éditeurs recommande de rejeter l’initiative SSR.
Il est toutefois peu probable que cette mesure donne l’impulsion souhaitée aux plateformes en ligne des médias payants. Des chercheur-euses de l’Université de Fribourg ont démontré que la suppression de « SRF ¨News » profiterait avant tout aux médias gratuits suisses alémaniques. En d’autres termes, les médias payants qui ne dépendent pas exclusivement de la publicité et des articles sponsorisés n’en tireraient pratiquement aucun avantage.
L’étude montre également que les lecteur-ices sont davantage disposés à payer pour les médias privés en ligne lorsqu’ils consomment SRF News. Cela signifie que l’offre en ligne actuelle de la SSR favorise indirectement les médias privés.
Débat parlementaire sur l’initiative SSR en cours
La Commission fédérale des médias considère également que la restriction de l’offre en ligne de la SSR est une mauvaise initiative. Selon elle, un service public moderne doit être multimédia, c’est-à-dire disponible sur une multitude de plateformes : « À l’ère numérique, la mission du service public ne diminue pas, elle s’élargit. »
Le Conseil national débattra de l’initiative visant à réduire de moitié le financement de la SSR lors de la session d’été. Jusqu’à présent, les contre-projets n’ont eu aucune chance : l’un d’entre eux prévoyait par exemple de réduire les redevances uniquement pour les entreprises. Si l’on souhaite qu’un service public médiatique fort continue d’exister, il est essentiel qu’aucun contre-projet ne soit présenté le dimanche du vote. Le peuple aura alors le dernier mot.
Le conseiller fédéral Rösti a déjà pris les devants
Mais même si les électeurs rejettent l’initiative visant à réduire de moitié la redevance, le conseiller fédéral UDC Rösti, qui était membre du comité d’initiative avant son élection au gouvernement fédéral, a déjà pris des mesures pour réduire les fonds alloués à la SSR. Il souhaite réduire par décret les redevances Serafe de 335 à 300 francs pour les particuliers d’ici 2029.
En outre, les entreprises dont le chiffre d’affaires annuel ne dépasse pas 1,2 million de francs seront désormais exonérées de la redevance. Jusqu’à présent, seules les entreprises dont le chiffre d’affaires était inférieur à 500 000 francs étaient exemptées. Cette mesure devrait couper l’herbe sous le pied de l’initiative visant à réduire de moitié la redevance. Pour la SSR, cela signifie tout de même une réduction budgétaire considérable d’environ 120 millions de francs.