La réforme de la LPP entraîne une baisse des revenus nets et des rentes

Des conseillers aux États bourgeois discutent de la réforme de la LPP. (KEYSTONE/Peter Klaunzer)

Les femmes ont des rentes inférieures d’environ un tiers à celles des hommes. Avant la votation sur l’augmentation de l’âge de la retraite, les hommes et les femmes politiques de tous les partis ont promis de s’attaquer au problème de la prévoyance professionnelle. Mais il s’avère aujourd’hui que la proposition du Conseil des États n’augmente en rien les rentes des femmes – bien au contraire : les rentes devraient même baisser.

Lors de la campagne de votation sur le relèvement de l’âge de la retraite des femmes à l’AVS, la baisse des rentes des femmes a été un thème récurrent. La gauche justifiait ainsi son opposition au projet. La droite a promis de s’attaquer à ce problème dans la prévoyance professionnelle. Il aurait été judicieux que les électrices et électeurs sachent avant la votation sur l’âge de la retraite des femmes comment le projet allait être conçu. Mais la majorité bourgeoise du Parlement a repoussé la réforme aux calendes grecques. La SRF a écrit qu’il s’agissait d’une « étrange comédie politique ».

Promesses brisées

Peu avant la votation de septembre, Kathrin Bertschy, conseillère nationale Verte’Libérale et coprésidente d’Alliance F, a souligné dans le Blick : « Nous devons saisir cette occasion pour réduire massivement l’écart des rentes entre les genres ». Et pourtant, dans la foulée, Bertschy et d’autres politicien-nes provenant de partis bourgeois ont empêché des améliorations pour les femmes. Selon la proposition du Conseil des États, les suppléments de rente sont limités dans le temps et la méthode de calcul a été fixée de manière à ce que près de la moitié des assuré-es ne reçoive rien. Contrairement au compromis des syndicats et de l’Union patronale suisse, ni les employeurs ni les personnes à très hauts revenus ne doivent participer solidairement au financement. Pour les assuré-es, la proposition des partis bourgeois entraîne une détérioration sensible.

Coup de rabot des partis bourgeois : de la garantie des rentes à leur démantèlement

A l’origine, un compromis était sur la table. Les employeurs-euses et les syndicats avaient élaboré avec le Conseil fédéral un projet qui aurait apporté des améliorations pour toutes et tous – le fameux compromis des partenaires sociaux. Mais une alliance bourgeoise a supprimé les mesures de compensation sociale du projet.

Le projet actuel prévoit désormais les mesures suivantes :

  1. Le taux de conversion serait abaissé de 6,8 à 6 %. Le taux de conversion détermine le montant de la pension – concrètement, ce taux est appliqué à l’avoir de vieillesse épargné. Une baisse du taux de conversion entraîne donc une baisse des rentes pour toutes et tous.
  2. Les bas revenus paient des cotisations disproportionnées : avec un seuil d’entrée plus bas et des déductions de coordination plus faibles, davantage de parts de salaire sont assurées. Cela conduit à une rente un peu plus élevée, mais à un salaire net plus bas pendant la vie active. Cela peut être décisif pour les personnes ayant un faible revenu.
  3. Quinze classes d’âge recevront des suppléments de rente. Environ la moitié des retraité-es recevront ainsi une compensation pour l’abaissement du taux de conversion de 6,8 à 6 %, mais l’autre moitié ne recevra rien. En outre, dans le cadre de la présente proposition, seules les personnes qui ont été assurées au moins dix ans avant leur départ à la retraite reçoivent un supplément de rente. Cela signifie qu’une personne de 56 ans qui n’était pas assurée jusqu’à présent auprès d’une caisse de pension (par exemple en raison de plusieurs emplois à temps partiel) ne recevra pas de supplément de rente.

Les débats au Parlement promettent d’être passionnants. Si les partis bourgeois ne tiennent pas leur promesse d’améliorer les rentes des femmes, le projet aura du mal à passer auprès de la gauche et de la population. Le débat de la session d’hiver sera déterminant pour l’avenir de la prévoyance professionnelle.

Le compromis des partenaires sociaux

Les conditions pour une solution largement soutenue, qui apporterait des avantages à la majorité de la population, seraient en fait réunies : l’Union syndicale suisse, Travail.Suisse et l’Union patronale suisse ont élaboré une proposition de compromis comportant trois éléments clés : la compensation d’une baisse du taux de conversion par un supplément de rente pour les nouveaux retraité-es, l’amélioration de la situation des rentes des personnes à bas revenus et une meilleure protection des personnes qui sont actuellement défavorisées par un faible taux d’occupation à temps partiel. 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici