La « phase chaude » du vote sur la suppression de la valeur locative bat son plein. Pour les propriétaires immobiliers les plus fortunés, les enjeux financiers sont considérables. Ils profiteraient largement du changement de système de l’impôt immobilier. Il n’est donc pas surprenant que les partisan-es déforment la réalité afin de convaincre les électeur-trices.
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« Les locataires sont les bénéficiaires principaux »
Le lobby des propriétaires affirme que les locataires bénéficieraient principalement de la suppression de la valeur locative. Pourtant, la valeur locative est précisément l’impôt permettant une meilleure égalité de traitement entre locataires et propriétaires. De plus, ce sont précisément les locataires — la majorité de la population en Suisse — qui devront compenser les pertes fiscales à la hauteur de 2 milliards de francs. En plus des pertes fiscales, le changement de système entraînera également une nouvelle hausse des prix de l’immobilier, et donc des loyers. Résultat : 100 % des locataires seront perdant-es, comme l’a confirmé une étude récente.
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« La suppression de la valeur locative représente un allègement fiscal important, en particulier pour les jeunes familles »
Lorsque les locataires ont la possibilité d’acheter une maison ou un appartement, un scénario de plus en plus improbable pour la majorité des personnes, ils et elles doivent souvent souscrire un emprunt hypothécaire. Les intérêts hypothécaires peuvent être déduits de la valeur locative, ce qui ne sera plus possible avec le changement de système. De plus, il est fréquent que ces personnes achètent une maison nécessitant des rénovations. Actuellement, les frais de rénovation et d’entretien peuvent également être déduits de la valeur locative. Le changement de système rendra cela impossible. Conséquence : ce sont surtout les propriétaires les plus aisés, qui ont déjà remboursé leur hypothèque et n’ont pas besoin de rénover, qui en profiteraient. Le changement de système prévu ne constitue donc en aucun cas un allègement pour les jeunes familles.
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« Les pertes fiscales ne devront pas être compensées »
Si la valeur locative est supprimée, la Confédération, les cantons et les communes perdront environ 2 milliards de francs de recettes par an. Certains cantons ont calculé qu’en cas de oui, ils devraient augmenter les impôts pour compenser ces pertes. Le canton du Valais table sur une augmentation de 4,5 %, le canton des Grisons de 8 %.
Les partisan-es du projet ignorent ce fait. Ils et elles évitent de parler des conséquences : moins d’argent pour les pouvoirs publics signifie moins d’argent pour la réduction des primes d’assurance-maladie, moins d’argent pour les transports publics et moins d’argent pour l’éducation. Et ce, alors que le pouvoir d’achat de la population continue de baisser.
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« C’est une grande opportunité pour les cantons »
Le président de l’association des propriétaires fonciers, un élu UDC, a qualifié le projet à plusieurs reprises de « chef-d’œuvre du fédéralisme ». Son argument : le changement de système autorise les cantons à introduire un nouvel impôt sur les résidences secondaires. Mais les cantons ne veulent rien savoir de ce nouvel impôt, car sa mise en œuvre serait compliquée et incertaine. Ainsi, les gouvernements cantonaux rejettent le projet à l’unanimité et conseillent aux électeur-trices de faire du même. Une rareté.