Pas de régulation de X, Instagram et Facebook : le Conseil fédéral s’incline devant Trump

Un projet visant à réguler les grandes plateformes telles que Google, Facebook, Instagram, Youtube et X a été reporté par le Conseil fédéral. La raison ? Le Conseil fédéral est soupçonné de vouloir plaire à Donald Trump. Le pouvoir de ces plateformes met en danger la démocratie suisse.

Images : Unsplash/Claudio Schwarz/AP Pool/Brandon Bell

Les droits de douane imposés par Donald Trump ont ébranlé le Conseil fédéral, qui se pensait en sécurité. Le jour même de l’annonce, la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter a communiqué la stratégie de riposte suisse : apaiser, dialoguer, négocier.

Apparemment, une partie de cette stratégie influence aussi les décisions domestiques. Le gouvernement a reporté un projet de régulation des grandes plateformes tech. Les moteurs de recherche et réseaux sociaux comme tels que Google, Facebook, X, Instagram et Youtube sont la propriété de multimilliardaires américains. Par pure coïncidence, ils ont tous viré pro-Trump au cours des dernières années.

L’UDC et le PLR travaillent en tandem pour apaiser Trump

L’argumentation du Conseil fédéral : surtout ne pas énerver les États-Unis en ce moment. C’est ce que rapportent les journaux de Tamedia en citant des sources internes à l’Administration fédérale. Selon elles, ce seraient surtout Guy Parmelin, ministre de l’Économie, et Ignazio Cassis, ministre des Affaire étrangères, qui auraient insisté sur le report.

Avant cela, le dossier a été reporté plusieurs fois déjà : la consultation aurait dû commencer en printemps de l’année dernière. Puis en automne, puis au début de l’année 2025. Finalement, en février de cette année, la régulation des plateformes tech était à l’ordre du jour du Conseil fédéral. Selon les journaux de Tamedia, Albert Rösti aurait retiré le dossier au dernier moment, également afin de ne pas attirer l’attention de Donald Trump.

Une question de sécurité

Une décision scandaleuse, commente le conseiller national socialiste Jon Pult. Le Grison critique l’approche du Conseil fédéral, disant qu’il « renie une promesse de sécurité ». Plaire à Donald Trump, qui agit de manière arbitraire, représente selon Jon Pult de l’obéissance anticipée, une soumission de la Suisse. Et non un comportement souverain.

En effet, les plateformes tech représentent un danger pour la démocratie suisse. La manière dont les algorithmes fonctionnent n’est pas transparente, mais est jugée comme favorable aux contenus de droite, voire de droite extrême. La Commission fédérale des médias a tiré la sonnette d’alarme dans un rapport en janvier : les algorithmes peuvent désinformer, polariser et radicaliser les utilisateur-ices des plateformes.

C’est pourquoi l’Union européenne a mis en place le règlement sur les services numériques (Digital Service Act, DSA), que la Suisse pourrait reprendre. Celle-ci vise à empêcher la diffusion de contenus illégaux et obliger les plateformes de mieux protéger leurs utilisateur-ices contre la désinformation.

En cas de non-respect, l’UE pourrait amender les plateformes, ce qu’elle a fait récemment : Meta, par exemple, devra payer 200 millions d’euros pour des infractions à la concurrence.


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