La 13ème rente AVS profite avant tout aux bas et moyens revenus

L’initiative pour une 13^e rente AVS vise à améliorer la situation des retraité-es actuels et futur-es en matière de rentes. En effet, l’augmentation des dépenses pour le loyer, les primes d’’assurance-maladie et les denrées alimentaires grignotent aujourd’hui près d’un mois de rente. Ce point n’est pas contesté dans les débats autour de l’initiative.

Il en va autrement de l’argument principal des opposant-es : elles et ils répètent actuellement comme un mantra qu’une 13^e AVS profiterait aussi à celles et ceux qui n’en ont pas besoin. Pour les opposant-es, les retraité-es fortuné-es ne devraient pas recevoir de 13^ème rente AVS. Mais ce ce calcul est-il bien correct ? « direct » passe cet argument à la loupe.

Les hauts revenus versent plus qu’ils ne reçoivent

Contrairement au 2^e pilier, l’AVS est régie depuis son introduction en 1948 par un système de répartition solidaire. La population active paie pour les retraité-es actuel-les via ses cotisations salariales. La règle est la suivante : plus le revenu est élevé, plus les cotisations à l’AVS sont importantes. Peu importe qui a cotisé combien : la rente AVS maximale est plafonnée. Elle s’élève aujourd’hui à 2 450 francs par mois au maximum. Ainsi, les rentes des bas et moyens revenus sont financées de manière solidaire.

Les versements à l’AVS sont obligatoires. Sergio Ermotti, CEO de l’UBS, dont le salaire s’élève à plusieurs millions, est lui aussi tenu de cotiser à l’AVS. Concrètement, cela signifie que Sergio Ermotti gagne plus de dix millions de francs et qu’il paie donc des cotisations AVS sur cette somme. Près d’un million de francs est ainsi versé à l’AVS. Une fois venu l’âge de la retraite, il ne touchera cependant que 2 450 francs, soit la rente maximale prévue par l’AVS.

Les riches profitent-ils de la 13^e rente AVS ?

Les cotisations salariales à l’AVS, qui représentent actuellement 5,3 % pour les employé-es, ne devraient être augmentées que de 0,4 % pour qu’une 13^ème rente soit possible. C’est ce qu’écrivent les organisations à l’origine de l’initiative. Le journal alémanique « work » a sorti sa calculette : pour Sergio Ermotti, qui touche un salaire mensuel de 1,1 million de francs, cela représenterait 4400 francs par mois. À titre de comparaison, une électricienne avec un salaire mensuel de 6000 francs ne cotiserait que 24 francs de plus à l’AVS.

Tou-tes deux toucheraient environ 200 francs de plus par mois après la retraite avec une 13^e rente AVS. Pour Sergio Ermotti, cela ne pèse pas lourd. Mais il aura au total versé beaucoup plus à l’AVS que ce qu’il recevra finalement. Il en va autrement pour les personnes ayant un salaire bas ou moyen. Et elles constituent la grande majorité des bénéficiaires d’une rente AVS.

Aujourd’hui, 92% des personnes soumises à l’AVS en Suisse reçoivent plus de l’AVS que ce qu’elles ont cotisé au cours de leur vie professionnelle. L’AVS entraîne donc une redistribution des hauts salaires vers les moyens et les bas salaires. La 13^e rente AVS n’y change rien. Au contraire : la perte de pouvoir d’achat des retraité-es serait compensée par cette 13^ème rente. Et cela représenterait un énorme soulagement pour les personnes qui ne gagnent pas des millions.