Réforme LPP : le réseau UDC du secteur financier en profite

Le 22 septembre, la Suisse votera sur la réforme LPP. La grande bénéficiaire de ce projet est l’industrie de la finance et des assurances. Celle-ci investit près d’un million de francs dans la campagne pour le oui et est fortement ancrée dans les milieux de l’UDC et du PLR.

Affiche de votation sur la réforme LPP. Photo : Jean-Christophe Bott (Keystone)

La gestion des fonds des caisses de pension représente déjà une affaire de plusieurs milliards. L’ancien conseiller d’État neuchâtelois Laurent Kurth explique que chaque année, 8,1 milliards de francs de l’épargne accumulée par les caisses de pension se perdent dans la finance. Cela représente en moyenne 1420 francs par personne assurée et par an. Si la réforme LPP est acceptée, l’industrie de la finance et des assurances pourra s’approprier encore plus d’argent.

Le réseau autour de Rolf Dörig

Rolf Dörig, président du conseil d’administration du géant de l’assurance Swiss Life, est l’un des acteurs clés de l’étroit réseau qui relie le secteur de la finance et des assurances aux politicien-nes des partis bourgeois. Jusqu’en 2023, Dörig était également président de l’Association Suisse d’Assurances (ASA) et membre du Comité directeur d’econonomiesuisse. Il est également à la tête de la « Fondation pour une politique bourgeoise », qui assure une grande partie du financement de l’UDC.

En tant que président de l’ASA, Dörig a veillé à malmener le compromis initial des partenaires sociaux de réforme LPP. Au sujet du projet soutenu par le Conseil fédéral, les syndicats et les employeurs, il a déclaré à la NZZ : « Le remède prévu est pire que la maladie ». Le PLR et l’UDC lui ont emboîté le pas au Parlement et ont remanié le projet de manière à ce que l’industrie de la finance et des assurances puisse engranger encore plus d’argent. Cela a été bien accueilli par ces dernières : l’ASA, présidée par Dörig jusqu’au milieu de l’année dernière, a versé 655 900 francs au comité pour le oui à la réforme LPP.

D’excellentes connexions au Palais fédéral

En concomitance avec Dörig, le conseiller national PLR et multimillionnaire Marcel Dobler siégeait également au Comité directeur d’economiesuisse. De plus, jusqu’en 2023, Dobler était membre de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique (CSSS), responsable de la réforme LPP. Il a pu y faire valoir les intérêts du secteur financier et des assurances.

Comme le magazine « Republik » l’a montré l’année dernière, une demi-douzaine de parlementaires lié-es aux assurances et aux intermédiaires d’assurance siègent également dans les influentes commissions économiques du Conseil national et du Conseil des États. Là aussi, Dörig jouit d’excellentes relations : le conseiller aux États PLR Martin Schmid est administrateur rémunéré de sa société Swiss Life. À titre de comparaison, la Commission de l’économie ne compte que deux représentant-es de la protection des consommateurs qui défendent les droits des assuré-es.

2 Commentaires

  1. très informatif et très bien joué
    toutefois je n’ai pas compris cela:

    Au sujet du projet soutenu par le Conseil fédéral, les syndicats et les employeurs, il a déclaré à la NZZ : « Le remède prévu est pire que la maladie »

    c’està dire Dörig est pour ou contre ???

  2. Il a versé 655900 francs pour financer la campagne du Oui ! Selon lui, le remède pire que le mal, c’était la solution de compromis proposée par les partenaires sociaux et soutenue par le Conseil fédéral (et donc refusée par la droite, aux ordres des assurances privées qui se sucrent au détriment des assurés).

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