Extension des autoroutes : le Conseil fédéral manipule les chiffres

Le 24 novembre, les électeurs et électrices se prononceront sur l’extension des autoroutes. Actuellement, différentes informations circulent sur les coûts. Un examen plus approfondi des données montre que l’extension pourrait coûter bien plus cher que ce qui est annoncé officiellement.

(KEYSTONE/Anthony Anex)

L’extension des autoroutes, qui coûtera des milliards, sera soumise aux urnes fin novembre. Mais même à la veille de la votation, le montant total exact reste flou. « direct » a examiné les chiffres de plus près et explique en détail comment les coûts se répartissent.

Une estimation fondée sur des chiffres obsolètes

La Confédération chiffre actuellement l’extension des autoroutes à un total de 4,9 milliards de francs — sur la base d’estimations de l’Office fédéral des routes (OFROU) datant de 2020. Ce montant englobe les six projets sur lesquels le peuple se prononcera le 24 novembre. Le plus cher est le tunnel du Rhin à Bâle. Celui-ci a été initialement budgété à 1,87 milliard de francs. Selon les nouvelles estimations de l’OFROU, les coûts devraient passer à 2,59 milliards de francs.

Le tunnel du Rhin n’est cependant pas le seul projet concerné par des dépassements budgétaires. Avec les dernières révisions de l’OFROU, les coûts totaux des six projets pourraient grimper à 5,8 milliards de francs, soit une augmentation de 18 % par rapport aux prévisions initiales, sans inclure la TVA ni le renchérissement. C’est pourquoi l’OFROU reconnaît lui-même que les projets peuvent renchérir jusqu’à 30 %. L’OFROU admet lui-même que ces projets pourraient renchérir jusqu’à 30 %. Les coûts réels risquent donc d’être bien supérieurs aux 4,9 milliards annoncés.

Un plan d’investissement à 35 milliards pour la prochaine décennie ?

De plus, le conseiller fédéral UDC Albert Rösti ne veut pas se contenter de ces six projets. D’autres projets d’extension des autoroutes sont d’ores et déjà prévues. Des plans montrent que le Conseil fédéral souhaite dépenser 35 milliards de francs pour l’extension des autoroutes au cours des prochaines décennies. Ainsi, la votation ne concerne pas uniquement les projets actuels : elle pourrait également influencer des investissements futurs en matière d’infrastructures routières. Cette expansion massive est d’autant plus controversée que des réductions de dépenses sont envisagées ailleurs dans le budget fédéral. En effet, alors que des milliards doivent être investis dans l’extension des autoroutes, le conseiller fédéral Rösti a récemment bloqué des fonds pour les trains de nuit et les bus électriques. Une décision qui lui a valu de vives critiques de la part de plusieurs partis, associations et commissions parlementaires.

Une évaluation douteuse des coûts et bénéfices

Le rapport annuel sur les coûts et les bénéfices des transports a été publié en octobre. Le conseiller fédéral Rösti a tenté en vain de retarder sa publication jusqu’après la votation de novembre, car le rapport soulève de sérieux doutes quant à la rentabilité de l’extension des autoroutes. Selon le Nouvelliste, les coûts annuels liés à cette infrastructure ont atteint 17,3 milliards de francs, une augmentation de 60 % par rapport aux estimations antérieures. Ces coûts supplémentaires incluent notamment la pollution sonore et atmosphérique, les accidents de la route et surtout les dégâts climatiques.

Le manque de transparence règne également en ce qui concerne l’utilité de l’extension. À l’origine, la Confédération parlait d’un rendement économique de 184 millions de francs par an. Mais un article de 20min en août a révélé que cette estimation reposait sur des hypothèses dépassées. Si l’on calcule avec les données actuelles, le prétendu bénéfice se réduit de 56% pour atteindre à peine 65 millions de francs par an. Le calcul coûts/bénéfices ne tient donc plus la route.

Une question de priorités

La votation sur l’extension des autoroutes pose une question fondamentale pour l’avenir : faut-il continuer à investir des milliards dans des infrastructures qui encouragent un trafic routier polluant et nocif pour le climat ou est-il plus judicieux de privilégier les défis sociaux et écologiques de notre époque en prenant enfin la protection du climat au sérieux ?

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