« L’idéal serait que nous n’ayons plus besoin d’exister car la Suisse prendrait ses responsabilités, convaincue de sa contribution à un monde stable et sûr. »

Alliance Sud s’engage au niveau politique pour une Suisse solidaire qui assume ses responsabilités mondiales. Le directeur général Andreas Missbach explique pourquoi ce travail est si important et pourquoi il est problématique de réduire les fonds dans la coopération internationale.

Andeas Missbach, Geschäftsleiter von Alliance Sud, Foto zvg.

« direct » : Les ONG pour le développement ont-elles leur place sur l’échiquier politique ?

Andreas Missbach : Le développement est indissociable de la politique. L’engagement de la Suisse, la coopération internationale, l’allocation des budgets sont décidés lors de processus politiques. L’impact négatif que la Suisse peut avoir dans certains pays découle aussi de décisions économiques ou financières. Sans action politique, il est impossible d’obtenir des améliorations pour les populations du Sud.

« direct » : Alliance Sud et ses organisations membres peuvent-elles faire une différence ?

Il est crucial que les organisations puissent défendre leurs intérêts grâce à Alliance Sud. Nous disposons d’une voix importante et centrale dans les débats politiques et représentons des centaines de milliers de personnes grâce au soutien de nos membres partageant nos valeurs et nos objectifs politiques.

« direct » : Pourquoi ne pas concentrer vos efforts dans les pays nécessitant un soutien au développement ?

C’est complémentaire. Arrêter d’investir dans le travail politique en Suisse et consacrer toutes les ressources à des projets aurait de graves conséquences pour les pays et les personnes concernés. Personne ne défendrait les budgets alloués à la coopération au développement ni n’œuvrerait pour rendre la politique économique et fiscale de la Suisse plus équitable.

« direct » : Pourquoi la coopération internationale est-elle importante ?

Le monde va au-delà des frontières de l’Europe et la Suisse exerce une influence considérable sur le changement climatique, les crises ou les populations exploitées. Sur le plan économique, la Suisse est une puissance avec un grand centre financier et le plus grand nombre de sièges de multinationales par habitant-es. Elle doit renforcer la solidarité et le financement climatique internationaux pour un monde plus juste.

« direct » : Quels sont les grands défis aujourd’hui ?

Le Conseil fédéral veut utiliser une partie du budget de la coopération internationale pour l’Ukraine. Une aide qui se fait au détriment des pays les plus pauvres du monde. En outre, la commission des finances du Conseil national souhaite prélever 1 milliard de francs du budget de la coopération au développement pour l’armée. Des décisions honteuses qui mettent en péril la sécurité de la Suisse.

« direct » : Un souhait particulier pour Alliance Sud et ses membres ?

L’idéal serait que nous n’ayons plus besoin d’exister car la Suisse prendrait ses responsabilités, convaincue de sa contribution à un monde stable et sûr. Le chemin est encore long et nous continuerons à œuvrer avec détermination pour apporter des améliorations concrètes.

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