Attaque contre les personnes trans : l’UDC ignore le consensus scientifique

La lutte culturelle menée par la droite contre les personnes trans est activement portée par l’UDC. Le parti exige une interdiction des opérations d’affirmation de genre pour les mineur-es. Des expert-es mettent en garde contre les conséquences.

Un drapeau de la fierté transgenre aux bandes horizontales bleu clair, rose et blanc flotte sur une hampe en bois, tenu par une personne vue de dos en veste en jean, devant un mur de pierre grise usée.
Image : unsplash

La directrice de la santé du canton de Zurich, Natalie Rickli (UDC), réclame une interdiction des opérations d’affirmation de genre pour les mineur-es trans au niveau national. Elle souhaite également rendre les bloqueurs de puberté, qui empêchent le développement physique au cours de l’adolescence, accessibles uniquement dans le cadre d’études scientifiques.

Nina Fehr Düsel, conseillère nationale zurichoise et collègue de parti de Rickli, prévoit de déposer une intervention au Parlement pour implémenter cela.

Pétition contre l’interdiction généralisée proposée par l’UDC

Cette attaque orchestrée contre les droits des personnes trans rencontre déjà de la résistance. Deux organisations queers, HAZ — Queer Zürich et le Transgender Network Switzerland (TGNS), ont lancé sans attendre une pétition. Plus de 10 000 personnes l’ont déjà signée.

Lynn Berholet, présidente de l’association Épicène, une organisation de défense des droits des personnes trans et non binaires, critique également les propos tenus par Natalie Rickli. « Ce serait le seul cas dans la médecine où on fixerait un âge pour recevoir des soins jugés appropriés par les milieux médicaux », dit-elle au microphone de la RTS. « Pourquoi seulement les trans devraient être traité-es autrement ? »

La prise en charge médicale des jeunes personnes trans améliore « leur qualité de vie, leur scolarité, leurs relations avec leurs camarades », affirme Bertholet. Épicène souligne par ailleurs que les bloqueurs de puberté accordent aux jeunes un temps de réflexion et de discussion supplémentaire. En effet, les effets des bloqueurs sont réversibles, contrairement à la puberté. Or, une puberté incongruente avec l’identité de genre d’une personne peut fortement aggraver les détresses psychiques.

Le Conseil fédéral et les expert-es plaident pour la nuance

Dès février 2024, le Conseil fédéral a répondu à une motion demandant que l’Académie Suisse des Sciences Médicales (ASSM) établisse des directives en matière de réassignation sexuelle chez les enfants et les adolescent-es.

Dans sa prise de position, le Conseil fédéral a souligné qu’il appartient aux médecins de déterminer la meilleure forme de thérapie pour les personnes trans, en plaçant toujours le bien-être des patient-es au centre des préoccupations. La capacité de discernement des mineur-es doit en outre être vérifiée « rigoureusement ». Les médecins peuvent également s’appuyer sur des recommandations et directives internationales.

Le Conseil fédéral insiste aussi sur son désir de préserver l’indépendance de l’ASSM dans le choix des thèmes des directives. Toutefois, le Secrétariat d’État compétent attirera l’attention de l’ASSM sur cette question.

La Commission nationale d’éthique pour la médecine humaine a publié en 2024 une prise de position sur le traitement médical des mineur-es trans. Le terme « interdire » n’y figure pas. Au contraire, les expert-es revendiquent le maintien d’un accès à un accompagnement médical et à des conseils interdisciplinaires de haute qualité. Par ailleurs, la commission souligne que « les scandales autour de ce sujet nuisent aux personnes concernées ».

Les opérations chirurgicales chez les mineur-es trans sont très rares

Mais de quelles opérations parle-t-on au juste ? Les statistiques ne le précisent pas. Elles indiquent seulement qu’en 2023, la majorité des personnes trans ont opté pour une opération de la poitrine. Et les personnes effectivement concernées restent très peu nombreuses : dans le canton de Zurich, en 2024, quatre jeunes personnes trans ont choisi de se faire opérer.


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