Les inégalités entre propriétaires et locataires ne cessent de croître. Les loyers augmentent et les propriétaires bénéficient déjà aujourd’hui d’avantages fiscaux. Le changement de système de l’impôt immobilier, qui sera soumis au vote le 28 septembre 2025, aggravera encore ces inégalités.
La valeur locative sera supprimée et un nouvel impôt cantonal sur les résidences secondaires pourrait être introduit. Les opposant-es à cette mesure mettent en garde contre une répartition encore plus inégale de la charge fiscale : elle accordera de nouveaux avantages fiscaux aux propriétaires les plus riches, au détriment de la population dans son ensemble.
Un projet pour les plus riches
Huit personnes sur dix dont le revenu annuel dépasse 175 00 francs vivent dans leur propre logement. En revanche, les personnes à faible revenu sont plus souvent locataires et rarement propriétaires. Il apparaît donc clairement que ce sont surtout les personnes à revenu élevé qui bénéficieront de ce projet.
De plus, les cantons ont déjà clairement indiqué que les pertes fiscales résultant de la suppression de la valeur locative devront être compensées. Selon les estimations de la Confédération, cela représente environ 2 milliards de francs par an. Cela signifie que chaque ménage devra s’attendre à une augmentation d’impôt d’au moins 500 francs. Les locataires paieront donc plus d’impôts, tandis que les propriétaires les plus riches bénéficieront d’un allègement fiscal, alors que les loyers augmentent massivement chaque année.

En Suisse, seuls 36 % des ménages sont propriétaires de leur logement, ce qui est très faible en comparaison internationale. Pour une grande partie de la population, le rêve d’une maison à soi est désormais inaccessible. Aujourd’hui, seuls 10 % des locataires pourraient acheter un appartement ou une maison avec les moyens dont elles et ils disposent. Et la situation ne va pas s’améliorer : selon une étude de l’UBS, la suppression de la valeur locative pourrait faire grimper les prix de l’immobilier de 13 % supplémentaires.
Les experts mettent en garde contre un changement de système
Les expert-es du secteur immobilier se montrent également préoccupé-es. Frédéric Doviat, de l’Association suisse des professionnels de l’immobilier, met en garde dans le journal 24 Heures : « Seuls les propriétaires qui ont payé leur maison en espèces ou qui l’ont entièrement amortie, dont le bâtiment est neuf et répond aux normes Minergie ou est économe en énergie, bénéficieront du projet. »
La plupart des retraité-es ne peuvent déjà plus se permettre de telles rénovations aujourd’hui. Si les frais de rénovation ne peuvent plus être déduits fiscalement, comme le prévoit également le changement de système, cette situation va encore s’aggraver. Résultat : « La réforme toucherait en priorité les ménages modestes et les revenus moyens », écrit Emanuel von Graffenried, directeur et associé de Bernard Nicod Conseils, également dans 24 Heures.
La population se prononcera sur ce changement de système de l’impôt immobilier le 28 septembre prochain.