
Il y a un an, le gouvernement du canton de Saint-Gall a ordonné une interdiction de vente de la viande provenant de cinq exploitations agricoles. La raison : la viande bovine était contaminée par des PFAS à des niveaux supérieurs à la limite autorisée. Ceci est encore le cas aujourd’hui, mais la viande est à nouveau vendue.
Les PFAS peuvent avoir des effets néfastes sur la santé. Au fil des ans, ils s’accumulent dans l’organisme et ne sont plus éliminés. Cela peut entraîner des tumeurs, des troubles hormonaux ou une fertilité réduite. Ces produits chimiques sont présents dans le Gore-Tex, les poêles en téflon, le papier sulfurisé, les peintures murales, les encres et de nombreux autres produits.
L’industrie rejette les PFAS dans les sols, les eaux, les animaux et, finalement, les êtres humains. Selon les estimations, l’assainissement des sites fortement contaminés pourrait coûter jusqu’à 26 milliards de francs. Les PFAS sont en effet des composés chimiques très stables et difficilement dégradables, d’où leur surnom de « produits chimiques éternels ».
Pas de mesures concrètes prises au Parlement
De nombreuses motions ont été déposées au Parlement pour lutter contre ce problème. Cependant, une solution durable semble encore loin. Le Conseil national a ainsi adopté une motion rédigée par la Commission de l’environnement du Conseil des États, qui autoriserait le mélange d’aliments contaminés par des PFAS avec des aliments non contaminés. L’idée derrière cette mesure est que le mélange permettrait de ne plus dépasser la valeur limite.
Cependant, les consommateurs continueraient à ingérer des substances chimiques éternelles sans le savoir. Une minorité de gauche s’est opposée à ce projet dans les deux chambres, sans succès. D’autres motions sur les PFAS ont été en partie rejetées, en partie acceptées. Martine Docourt, conseillère nationale du PS, souhaitait ainsi limiter l’autorisation des PFAS à leurs utilisations essentielles.
Le Conseil fédéral s’y est opposé, car l’UE prévoit actuellement des restrictions dans le domaine des substances chimiques éternelles, que la Suisse adopterait. Le Conseil national a également rejeté la motion.
Il s’est aussi opposé de justesse à la motion de la conseillère nationale du PVL, Barbara Schaffner, qui souhaitait définir des trajectoires de réduction et des mesures. L’objectif : réduire la pollution par les PFAS. Là encore, le Conseil fédéral n’a pas souhaité « faire cavalier seul » et a renvoyé à la réglementation européenne.
Une motion sur l’obligation de déclaration des PFAS dans les produits a en revanche été adoptée à une courte majorité, bien que le Conseil fédéral ait exprimé des réserves quant à sa mise en œuvre pour les PME. Une demande de soutien supplémentaire aux exploitations agricoles concernées, par exemple celles qui seraient touchées par une interdiction de vente, a également été acceptée.
La Confédération sacrifie l’étude sur les PFAS afin de réduire ses dépenses
Même si quelques mesures susceptibles d’avoir des effets positifs pour les consommateurs ont été adoptées, il manque une stratégie globale pour protéger la population. Le Conseil fédéral reste également passif. Début septembre, il a annoncé l’interruption d’une étude à long terme sur les effets des PFAS sur la santé en raison de la pression budgétaire.
Les premiers résultats ont toutefois été publiés avant l’interruption. Fait particulièrement choquant : les 789 échantillons de sang prélevés dans les cantons de Berne et de Vaud contenaient tous des substances chimiques éternelles. Cela montre que, bien que la question des PFAS concerne l’ensemble de la population, elle n’est pas prioritaire pour la majorité bourgeoise au Parlement et au Conseil fédéral.