Des milliards, des armes et des poulets au chlore : le vrai accord du Conseil fédéral avec Trump

Une liste provenant de la Maison-Blanche montre que la Suisse fait des concessions qui vont bien au-delà des droits de douane — des achats d’armes américaines aux poulets chlorés et aux Cybertrucks, en passant par la renonciation à la taxe numérique et des promesses d’investissement de plusieurs milliards.

Guy Parmelin à la conférence de presse après l'annonce de l'accord avec Trump du Conseil fédéral
Image : keystone/Alessandro della Valle

Il y a quelques jours, le conseiller fédéral Guy Parmelin (UDC) a annoncé un accord douanier avec le président américain Donald Trump. Le ministre de l’Économie parle d’une situation gagnant-gagnant et remercie son « Team Switzerland », les dirigeants de groupes suisses qui ont courtisé Trump avec des lingots d’or et des montres Rolex. Mais comment cette délégation de milliardaires et de CEO et le Conseil fédéral ont-ils réussi à réduire les droits de douane à 15 % ? Une liste provenant de la Maison-Blanche met désormais en lumière des concessions importantes que le conseiller fédéral avait jusqu’à présent dissimulées.

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Malgré le fiasco du F-35 : augmentation des achats d’armes américaines

Selon diverses recherches menées par SRF et NZZ am Sonntag, des achats supplémentaires d’armes aux États-Unis font partie des déclarations d’intention. Cela est surprenant, car le Conseil fédéral est actuellement confronté à la débâcle du F-35 : malgré le prix fixe maintes fois souligné, les avions de combat américains coûtent désormais 1,3 milliard de plus que prévu.

Avec ce fiasco, les États-Unis ont une nouvelle fois démontré qu’ils ne sont pas un partenaire fiable pour la Suisse. Au lieu de mettre fin à cet achat et de s’orienter davantage vers l’UE, le Conseil fédéral approfondit sa relation avec les États-Unis.

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Une soumission à la politique étrangère américaine — y compris les sanctions et les contrôles à l’exportation

Les exigences publiées dans la liste de la Maison-Blanche indiquent très clairement qu’elle attend de la Suisse qu’elle adopte à l’avenir ses sanctions, « du moins lorsqu’elles sont importantes ». Il s’agit notamment de durcir le ton à l’égard de la Chine. Les médias ont déjà rapporté il y a quelques semaines que Trump avait présenté ces conditions à la délégation de CEO suisses à la Maison-Blanche.

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Des poulets au chlore aux Cybertrucks : autoriser les produits américains malgré des normes moins strictes

Les concessions prévues en faveur de l’économie américaine sont particulièrement délicates. À l’avenir, la Suisse devrait ainsi importer 1500 tonnes de viande de poulet américaine en franchise de droits de douane. Or, aux États-Unis, il est autorisé de pulvériser de l’eau chlorée sur la viande de volaille après l’abattage ou de la plonger dans un bain de chlore. Cette pratique est interdite en Suisse et dans l’UE. De plus, les États-Unis exigent que la Suisse accepte à l’avenir les normes automobiles américaines. Les véhicules qui nécessitent aujourd’hui des adaptations, comme le Cybertruck de Tesla, pourraient ainsi être homologués sans contrôles supplémentaires. Cela pourrait représenter un danger pour la circulation routière.

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Pas de réglementation ni de taxation des géants de la technologie

La déclaration d’intention oblige également la Suisse à renoncer à l’introduction d’une taxe numérique pour les groupes tels que Google ou Amazon. La poursuite de la taxe Netflix existante dépendra probablement de la volonté des États-Unis de trouver un compromis. En matière de taxation des entreprises, la Suisse souhaite continuer à s’appuyer sur une solution de l’OCDE. Cependant, dans ce domaine, le gouvernement américain est en désaccord avec l’UE tant sur les nouvelles taxes numériques que sur les réglementations prévues en matière de contenu : alors que l’UE souhaite lutter de manière ciblée contre la désinformation et les discours haineux, Washington considère ces règles comme une atteinte à la liberté d’expression.

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Une montre Rolex en or pour le président et des promesses de milliards

Avant même l’annonce de l’accord douanier, des photos surprenantes en provenance de Washington ont été diffusées en Suisse : la « Team Switzerland », c’est-à-dire « l’équipe Suisse », le petit groupe d’entrepreneurs suisses, était assise dans le Bureau Ovale. Ces représentants étaient assis en demi-cercle devant le bureau présidentiel, sans représentation politique de Berne.

Étaient présents Daniel Jaeggi, cofondateur de Mercuria, Jean-Frédéric Dufour, PDG de Rolex, et Alfred Gantner, du Partners Group. Ils ont apporté avec eux un lingot d’or spécialement frappé et une Rolex d’une valeur de 20 000 à 40 000 francs pour Donald Trump. Les entrepreneurs ont également promis des investissements massifs : 200 milliards de francs d’ici 2028, dont 80 milliards provenant de l’industrie pharmaceutique. Cela nuirait à l’économie suisse et personne ne sait aujourd’hui quels risques cela comporte pour nous tous.

Si le Conseil fédéral met en œuvre la déclaration d’intention de l’accord, cela pourrait avoir des conséquences importantes pour la Suisse. On ne sait pas non plus si l’« équipe suisse » et le conseiller fédéral UDC Parmelin ont fait d’autres concessions.


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