L’entretien téléphonique avec l’ancien présentateur de télévision et ministre américain de la Défense Pete Hegseth n’a rien donné : le Conseil fédéral ne peut « imposer » le prix fixe pour les 36 avions de combat, comme il l’écrit dans son communiqué de presse. Il ne renonce toutefois pas à l’acquisition des F-35. Deux scénarios sont désormais possibles pour l’avenir de cette affaire.
Dépasser le plafond budgétaire — accepter un référendum et un nouveau vote
Le Conseil fédéral n’est actuellement pas en mesure de préciser le prix total de l’acquisition. Trop de facteurs entrent en jeu : l’inflation aux États-Unis, l’évolution des prix des matières premières dans le monde et la guerre douanière menée par Donald Trump. Les F-35 pourraient toutefois coûter entre 650 millions et 1,3 milliard de francs supplémentaires.
Le plafond de six milliards de francs approuvé par les électeur-trices serait donc définitivement dépassé. Le Parlement devrait alors approuver un crédit supplémentaire, qui pourrait faire l’objet d’un référendum. La probabilité qu’un tel référendum aboutisse est très élevée : en 2022, l’alliance « Stop F-35 » a récolté en très peu de temps les signatures nécessaires pour lancer une initiative populaire.
Mais dans les faits, le Conseil fédéral devrait déjà auparavant choisir la voie du référendum : le vote sur le F-35 s’est déroulé sur la base d’hypothèses erronées et a été extrêmement serré. Le PS Suisse demande donc que le vote soit répété si le Conseil fédéral ne met pas un terme à l’acquisition du F-35.
Il n’est pas certain que les électeur-trices approuveraient l’acquisition des avions de combat.
Aux yeux de nombreuses personnes, les États-Unis ne sont pas un partenaire fiable : le président Donald Trump y a veillé. En outre, des dépenses publiques supplémentaires seraient difficiles à accepter, notamment parce que les coûts pourraient augmenter indéfiniment.
Économiser et affaiblir l’armée de l’air
De façon détournée, une autre mesure consisterait à acheter moins de F-35. Le Conseil fédéral écrit : « Le DDPS examinera si les exigences actuelles en matière de défense aérienne correspondent toujours aux bases sur lesquelles reposait l’évaluation du F-35A. » Le département a jusqu’à fin novembre pour le faire.
Mais cela signifierait que les performances attendues de l’armée de l’air en situation d’urgence ne seraient pas atteintes. C’est également ce qu’avait déclaré la cheffe de la sécurité, Pälvi Pulli, lors de la campagne référendaire il y a cinq ans. Pour disposer en permanence de quatre avions pendant au moins quatre semaines, ce qui inclut une réserve suffisante, les réparations et la formation, il faudrait plus de 30 jets. « Cela permettrait de maintenir la souveraineté aérienne pendant un certain temps et de rechercher entre-temps des solutions diplomatiques », a déclaré Pälvi Pulli dans une interview accordée au journal « Blick ».
De plus en plus de pays renoncent à l’achat du F-35 : après le Danemark, le Portugal et le Canada, l’Espagne a récemment pris cette décision. Le gouvernement envisage désormais d’augmenter sa flotte d’Eurofighter en collaboration avec la France et l’Allemagne.
La Suisse pourrait également miser sur des avions européens et interrompre l’« exercice F-35 ». Parallèlement, la flotte des F/A-18 pourrait être prolongée sans problème jusqu’à ce qu’une nouvelle solution soit trouvée. Celle-ci devrait toutefois respecter le plafond budgétaire et donc la volonté populaire, et être indépendante des États-Unis.