Télétravail : le PLR lance une nouvelle offensive contre le droit du travail

Baisse des salaires, allongement du temps de travail, augmentation du travail le dimanche : actuellement, le PLR cherche à implémenter plusieurs modifications législatives au détriment des employé-es. Le Conseil national a désormais décidé d’assouplir le droit du travail pour le télétravail. L’initiative émane du conseiller aux États PLR Thierry Burkart.

Télétravail en Suisse
Image : keystone/Christian Beutler

Depuis la pandémie de COVID-19, le télétravail est devenu la norme pour de nombreux-ses employé-es. Qu’il soit sporadique, à temps partiel ou à temps plein, beaucoup apprécie cette nouvelle flexibilité. Mais c’est précisément cette évolution que le PLR veut maintenant exploiter pour affaiblir fondamentalement le droit du travail.

Dans une initiative parlementaire, le conseiller aux États PLR Thierry Burkart demande une augmentation massive du temps de travail maximal autorisé en télétravail. Il souhaite faire passer de 14 à 17 heures le temps dont disposent les employé-es pour accomplir leur travail quotidien. Si l’on en croit M. Burkart, six dimanches supplémentaires par an ne nécessiteraient plus d’autorisation pour le travail dominical. M. Burkart justifie cette initiative par « une plus grande flexibilité pour les employé-es ».

Les syndicats tirent la sonnette d’alarme

Cette initiative suscite de vives critiques de la part des syndicats. « Si l’idée d’une plus grande flexibilité peut sembler séduisante à première vue, elle comporte des risques considérables pour la santé et le bien-être des travailleuses et des travailleurs », écrit le syndicat sectoriel syndicom, qui représente notamment les employé-es de Swisscom et de la Poste. La flexibilisation du monde du travail est l’une des principales causes de l’augmentation du stress et de l’épuisement.

Le président de l’USS, Pierre-Yves Maillard, déclare également au Sonntagsblick :
« Aujourd’hui déjà, de nombreux-ses employé-es font des heures supplémentaires, même pendant leur temps de repos. Mais au moins, la loi les protège contre les exigences abusives de leur employeur. Avec cette réforme, les employé-es devraient être disponibles presque 24 heures sur 24. »

De nombreuses études confirment également les graves conséquences pour la santé. Selon une analyse conjointe de l’OMS et de l’Organisation internationale du travail (OIT), environ 745 000 personnes meurent chaque année dans le monde de maladies cardiaques ou d’accidents vasculaires cérébraux liés à des horaires de travail de plus de 55 heures par semaine. Par rapport à des semaines de travail plus courtes, de 35 à 40 heures, le risque d’accident vasculaire cérébral augmente de 35 % et celui de maladie cardiaque de 17 %. Le stress psychologique augmente également. Les employé-es qui ont des horaires de travail très longs courent un risque nettement plus élevé de dépression et d’épuisement professionnel.

La tendance internationale va dans une autre direction

Alors que le PLR souhaite allonger considérablement le temps de travail, la tendance internationale va dans une autre direction : de plus en plus de pays et d’entreprises misent sur une réduction du temps de travail. Les résultats de projets pilotes à grande échelle menés à l’étranger, dans le cadre desquels des entreprises ont testé la réduction du temps de travail, montrent des effets positifs pour les entreprises et les employés. Ainsi, la semaine de 4 jours au Royaume-Uni a « changé la vie » de la plupart des participant-es. Les employé-es font état d’une réduction du stress et d’une satisfaction accrue, tandis que les entreprises enregistrent une augmentation de la productivité.

En Suisse également, un vaste projet pilote pour une semaine de 4 jours est en cours. Certaines entreprises, comme Schwendimann AG, ont en outre réduit de manière permanente leur temps de travail. « Pour nos employé-es, cela signifie plus de temps pour se détendre, plus de temps pour la famille et les amis, plus de temps pour les loisirs », écrit l’entreprise sur Instagram.

D’autres déréglementations du droit du travail sont prévues

L’assouplissement prévu de la loi sur le travail n’est pas un cas isolé, mais s’inscrit dans une série d’initiatives économiques libérales. Récemment, les commissions économiques ont donné suite à une initiative cantonale zurichoise qui avait été imposée par le PLR et l’UDC. Elles proposent désormais d’étendre les heures d’ouverture des magasins de quatre à douze dimanches par an. Parallèlement, le PLR et les Jeunes libéraux-radicaux maintiennent leur revendication d’un âge de retraite à 67 ans, bien qu’une initiative en ce sens n’ait recueilli que 25 % des voix l’année dernière. Et la modification de la loi visant à supprimer les salaires minimums fixés au niveau cantonal n’est toujours pas écartée. La commission compétente du Conseil des États examine actuellement le projet. Si le Conseil des États l’approuve, un référendum sera organisé.


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