Industrie textile : lutte pour des salaires équitables au Cambodge

Douze ans après la catastrophe du Rana Plaza au Bangladesh, les conditions de travail restent précaires dans des pays d'Asie du Sud-Est comme le Cambodge.

Image : Solidar Suisse

Le salaire minimum des travailleur-euses du textile au Cambodge est de seulement 208 dollars par mois. Cela ne suffit pas pour vivre dignement. Beaucoup s’endettent pour payer leur nourriture, leur loyer ou leurs médicaments. Les pauses sont supprimées, les objectifs de production sont revus à la hausse — celles et ceux qui s’opposent risquent leur emploi.

Mora Sar connaît bien les usines textiles du Cambodge. Il a lui-même travaillé longtemps dans une de ces usines. Il a commencé à s’engager dans un syndicat le jour où ses responsables lui ont interdit de rentrer chez lui alors qu’il était malade. Aujourd’hui, il occupe un poste de direction dans un syndicat indépendant partenaire de Solidar Suisse. Dans cette interview, il explique l’importance des syndicats dans la lutte pour le droit du travail.

Mora Sar, quelle est la situation actuelle des droits des travailleur-euses au Cambodge?

Mora Sar : Les contrats de travail à court terme se multiplient. Les travailleurs et travailleuses du textile hésitent à faire valoir leurs droits ou à adhérer à un syndicat. Ils et elles ont peur que leur contrat ne soit pas renouvelé.


« Dans certains cas, nous avons obtenu des indemnités pour les travailleur-euses, notamment grâce à la pression exercée sur les marques de fast fashion. »


Quelle est la situation dans les usines?

Mora Sar : Les gens sont pris au piège dans un système d’exploitation. Sans heures supplémentaires, leur salaire ne suffit même pas à couvrir leurs besoins les plus élémentaires. De plus, les usines fixent des objectifs de production toujours plus élevés : celles et ceux qui les atteignent reçoivent une prime, puis l’objectif est revu à la hausse. Beaucoup renoncent à leurs pauses toilettes pour respecter ces objectifs élevés.

Que font les syndicats?

Mora Sar : Le salaire minimum est la question centrale. Nous sommes assis à la table des négociations avec les exploitant-es des usines et le ministère du Travail. Nous devons également exercer une pression constante pour que les mesures décidées en faveur d’une plus grande sécurité sociale soient enfin mises en œuvre.


« Les groupes de mode ont une part de responsabilité dans les conditions de travail de leurs chaînes d’approvisionnement. Les consommateur-trices peuvent faire pression sur eux. »


Y a-t-il des résultats concrets?

Mora Sar : Le salaire minimum augmente, mais pas autant que nous le souhaiterions. Pendant la crise du Covid-19, des usines ont fermé. Dans certains cas, nous avons obtenu des indemnités pour les travailleur-euses, notamment grâce à la pression exercée sur les marques de fast fashion. La prise de conscience croissante des travailleur-euses quant à leurs droits est également réjouissante.

Que peuvent faire les gens en Suisse?

Mora Sar : Les groupes de mode ont une part de responsabilité dans les conditions de travail au sein de leurs chaînes d’approvisionnement. Les consommateurs peuvent faire pression sur eux. Le soutien d’organisations telles que Solidar Suisse est également extrêmement important.

Cet article a été repris de Solidar Suisse.


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