La ministre des Finances PLR Karin Keller-Sutter veut supprimer le financement des campagnes de prévention contre les violences sexistes et sexuelles du budget de la Confédération. Et ce, bien que plus de vingt femmes soient tuées chaque année par des hommes et que les violences domestiques soient globalement en hausse. Le Conseil fédéral fait ainsi fi de la décision prise par le Parlement il y a moins d’un an concernant la motion de la conseillère nationale socialiste Tamara Funiciello, qui exigeait que la Confédération mène des campagnes de prévention régulières pour prévenir ces violences.
Non-respect de la Convention d’Istanbul
Tamara Funiciello reprend ainsi un point central de la Convention d’Istanbul, la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et les violences domestiques que la Suisse a ratifié en 2018. Dans le premier rapport du groupe d’expert-es GREVIO sur la mise en œuvre de la convention, le point concernant les campagnes de prévention a été critiqué parmi beaucoup d’autres. Dans ce rapport, les autorités suisses sont invitées avec insistance à garantir un financement suffisant des mesures de prévention.
Trois millions de francs suisses sont budgétés chaque année pour la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul. Avec ces derniers, la Confédération soutient les campagnes du Bureau fédéral de l’égalité, des cantons et des organisations de la société civile actives dans le domaine des mesures de la Convention d’Istanbul. Ces fonds relèvent de la loi sur les subventions. Les campagnes nationales de la Confédération ne peuvent pas être financées par ce budget, comme l’a souligné le président de la Confédération Alain Berset lors de l’examen de la motion. Un budget supplémentaire serait nécessaire pour mettre en œuvre les mesures demandées.
Un signal catastrophique
Avec cette décision, le Conseil fédéral montre une fois de plus l’importance secondaire que revêt l’égalité en Suisse. Alors que des milliards sont alloués à l’extension des autoroutes et à l’armée, quelques millions pour la prévention des violences sexistes et sexuelles feraient soi-disant exploser le budget. Cela confirme ce que le « Global Gender Gap Report » du WEF avait déjà mis en évidence : la Suisse n’est pas un endroit sûr pour les femmes.
Dans un communiqué, l’autrice de la motion Tamara Funiciello et le PS demandent désormais « avec insistance » au Parlement d’allouer au moins trois millions de francs suisses aux campagnes de prévention des violences sexistes et sexuelles lors de l’examen du budget. Ce n’est qu’ainsi que les campagnes pourraient sensibiliser et informer à grande échelle et de manière spécifique les groupes cibles dans toute la Suisse.