L’UDC échoue dans son combat contre les droits des femmes

Deux initiatives populaires fédérales voulaient restreindre le droit à l’avortement. Malgré le soutien de l’UDC, elles n’ont pas réussi à recueillir les 100 000 signatures nécessaires. C’est une victoire pour le droit fondamental des femmes à disposer de leur propre corps.

(KEYSTONE/Agence VU/Isabelle Eshraghi / Agence VU)

Une semaine après le grand succès de la Grève féministe du 14 juin 2023, les femmes peuvent respirer : le droit à l’avortement ne devrait pour l’instant pas être restreint en Suisse. Deux initiatives anti-avortement ont échoué à récolter les 100 000 signatures nécessaires pour faire voter la population sur ce sujet.

Les deux initiatives ont été lancées par des mouvements réactionnaires proches de l’UDC. Deux conseillères nationales UDC étaient à la tête du mouvement visant à empêcher les femmes de disposer de leur propre corps.

Un combat de longue haleine

En Suisse, le droit des femmes à interrompre une grossesse n’existe que depuis 20 ans. Le 2 juin 2002, la population a accepté à plus de 72 % de décriminaliser l’avortement jusqu’à 12 semaines de grossesse. En France, le droit à l’avortement a été autorisé par la loi Veil de 1975. En 2022, le délai pour l’IVG est passé à 14 semaines chez nos voisin-es. En Allemagne, la solution dite des délais est aussi appliquée depuis 1993.En Suisse, le combat pour le droit des femmes à disposer de leur propre corps a été de longue haleine et ce droit est encore aujourd’hui remis en question.

Bien qu’elle ait été décriminalisée pendant les 12 premières semaines, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est aujourd’hui toujours mentionnée dans le code pénal. Concrètement cela signifie que l’IVG est punissable si les femmes ne prouvent pas qu’elle se trouvent dans une « situation de détresse » ou que la grossesse représente un risque pour leur santé.

La droite soutient la pénalisation

Les partis de gauche ont tenté à plusieurs reprises au Parlement d’améliorer l’accès des femmes à l’IVG. Dans une motion de 2020, le socialiste Mathias Reynard demandait de supprimer les conditions restreignant l’accès à l’IVG dans les 12 premières semaines pour en faire un véritable droit fondamental des femmes en Suisse.  Le Conseil fédéral a recommandé de rejeter cette motion et 108 parlementaires contre 79 ont suivi cette position. L’UDC, le Centre et le PLR ont massivement soutenu le maintien de l’IVG dans le Code pénal. Une autre motion demandant la suppression de l’IVG du Code pénal a également été refusée cette année.

Aux États-Unis, les droits fondamentaux des femmes ont été violemment réduits l’année passée : la Cour suprême a décidé de révoquer le droit fédéral à l’avortement. Cela a permis a de nombreux états conservateurs d’interdire purement et simplement l’IVG, même en cas de danger pour la vie de la personne portant le fœtus. Ces décisions mettent directement en danger la vie des personnes concernées. En échouant à importer ces excès américains en Suisse, l’UDC n’a pour l’instant pas pu restreindre le droit fondamental des femmes à disposer de leur corps. Pour combien de temps ?

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