L’AVS ne se porte pas aussi mal qu’on le prétendait avant la votation sur le relèvement de l’âge de la retraite des femmes (AVS21). C’est ce qu’a révélé l’Office fédéral des assurances sociales dans une annonce fracassante au début du mois d’août 2024. Les Femmes socialistes et les Vert-e-s ont alors saisi le Tribunal fédéral, estimant que la votation devrait être annulée en raison des chiffres erronés. Le Tribunal fédéral a décidé aujourd’hui de ne pas annuler la votation pour des raisons de sécurité juridique. Les femmes en Suisse devront donc définitivement travailler jusqu’à 65 ans, malgré les fortes inégalités dont elles sont encore victimes.
La votation sur AVS21 à l’automne 2022 a été très serrée, avec seulement 50,5 % de oui. Le sondage postélectoral a montré que les femmes avaient massivement rejeté le projet. Ce résultat n’est pas surprenant : les femmes continuent de percevoir des rentes nettement inférieures à celles des hommes. Elles sont donc beaucoup plus exposées au risque de pauvreté à la retraite.
Malgré cela, les femmes ont été mises en minorité par les hommes lors du vote. Pour ces derniers, l’argument financier a pris le dessus.
Le financement de l’AVS, argument principal des partisans
L’argument du financement a également dominé dans les médias : entre l’automne 2017 et la votation de septembre 2022, ce sujet a été abordé bien plus fréquemment que des questions comme la suffisance des rentes AVS pour vivre ou la pauvreté des femmes âgées. C’est ce que révèle une étude publiée en 2023. L’auteur de l’étude, Marco Jeanmaire, tire la conclusion suivante : « Si les médias avaient offert une représentation plus équilibrée entre les genres, le débat sur l’AVS aurait été moins centré sur le financement. Compte tenu du résultat serré, la votation sur AVS21 en septembre 2022 aurait probablement donné un autre verdict ». Les chiffres erronés de l’Office fédéral des assurances sociales ont vraisemblablement amplifié cet effet.
Les recourant-es partagent cette analyse. Le PS Suisse écrit dans un communiqué que le résultat de la votation aurait été différent si les prévisions avaient été exactes. Le parti accepte la décision du Tribunal fédéral, mais exige que la majorité de droite au Parlement prenne des mesures pour garantir des rentes plus élevées, en particulier pour les femmes.