En 2019, l’initiative populaire fédérale d’allègement des primes a été déposée à Berne avec 118’000 signatures. Cette initiative, lancée par le PS Suisse et une alliance de la gauche et des syndicats, a un objectif pour protéger le pouvoir d’achat de la population : personne ne doit dépenser plus de 10% de son revenu pour les primes d’assurance-maladie.
« Les assurés ont droit à une réduction des primes de l’assurance-maladie. Les primes à la charge des assurés s’élèvent au maximum à 10 % du revenu disponible. »
(modification de la constitution proposée par l’initiative)
En proposant de réduire la charge des primes sur les ménages et les familles, cette initiative veut protéger le pouvoir d’achat de la population face à l’inflation. Alors que les primes d’assurance-maladie ont augmenté de 134% depuis 1996, les salaires ont augmenté environ 10 fois moins. Comme l’a écrit « direct », c’est la classe moyenne qui est la principale perdante de cette situation.
Un tiers des Vaudois-es voient leurs primes allégées
Réduire la charge des primes en les plafonnant à 10% du revenu est une solution mise en place de depuis deux ans dans le canton de Vaud. Plus d’un tiers des Vaudois-es bénéficient d’une réduction de leurs primes, alors que seul un quart en bénéficie en moyenne au niveau suisse. Le nombre de personnes dont les primes ont été allégées grâce à cette mesure a augmenté de 28 %
L’introduction d’un plafonnement des primes à 10 % du revenu dans le canton de Vaud a principalement favorisé les familles et les retraité-es. C’est ce qui ressort des chiffres mis à disposition par le canton de Vaud.
Dans le détail, voici les personnes qui ont bénéficié de l’allègement des primes dans le canton de Vaud :
- 26’000 personnes vivant seules, dont le tiers a atteint l’âge de la retraite
- 69’000 personnes vivant en famille, prioritairement des enfants et des jeunes
- 26’000 personnes vivant en couples sans enfants, dont plus de la moitié sont des retraité-es
Politique de l’autruche chez les partis bourgeois
Alors que la charge des primes est la principale préoccupation de la population suisse, les partis bourgeois font la sourde oreille à Berne. Le PLR et l’UDC ne proposent aucune solution concrète dans ce domaine. Les deux partis estiment aujourd’hui encore que seul le « marché » et la dérégulation doivent faire baisser les primes. Ce même marché qui a conduit les primes à augmenter de 134% depuis 1996.
Au Parlement, le PLR et l’UDC ont systématiquement voté contre l’allègement de la charge des primes sur la population. L’importance démesurée du lobby des assurances à Berne est fréquemment pointée du doigt pour expliquer l’absence de mesures efficaces pour alléger le poids des primes.
Le Centre est divisé et renvoie un contre-projet
Le Centre est divisé sur la question de l’allègement des primes. En ce qui concerne le contre-projet à l’initiative du PS pour l’allègement des primes, certains conseillers aux Etats du Centre se sont montrés opposés à un compromis efficace. Sur proposition du conseiller aux Etats du Centre Benedikt Würth, la Chambre basse a même décidé de ne pas entrer en matière sur le projet.
Certain-es élu-es du parti au Conseil des Etats ont également fait échouer une proposition pour alléger à court terme la charge des primes sur le pouvoir d’achat. Cette proposition aurait permis d’augmenter de 30 % les réductions individuelles des primes pendant une année afin de lutter contre l’inflation. Le refus de celui qui se présente comme le « parti de la famille » d’alléger la charge des primes est étonnant : la proposition a été déposée par le PS Suisse… et le Centre !
Il y a quelques temps, « direct » a présenté la première partie de sa série sur la charge des primes. Lisez ici comment l’augmentation des primes touche en premier lieu la la classe moyenne.