Une partie du Centre veut renvoyer des Ukrainien-nes dans leur pays en guerre

Les attaques russes contre l’Ukraine et sa population civile ont redoublé d’intensité ces dernières semaines. De nombreux morts sont à déplorer – y compris des enfants. Au même moment, le Conseil national a décidé de restreindre les conditions d’accueil des Ukrainien-nes en Suisse. Avec la bénédiction d’une partie du Centre, dont le président aime se présenter en défenseur de l’Ukraine.

EPA/GEORGE IVANCHENKO

En juillet 2024, un hôpital pour enfants de Kyiv a été bombardé en plein jour par la Russie de Vladimir Poutine. Bilan de l’attaque : près de 40 personnes tuées – dont des enfants.  Ces dernières semaines, les attaques russes contre l’Ukraine et sa population civile ont redoublé d’intensité. Chaque nuit, des centaines de drones russes s’abattent sur le territoire ukrainien, souvent bien au-delà de la ligne de front. Dans ces conditions, de nombreux-ses Ukrainien-nes ne peuvent pas envisager un retour chez elles et eux. Un missile balistique hypersonique de moyenne portée – qui peut attaquer des cibles se situant à 5 000 kilomètres de sa base de lancement – a même été lancé pour la première fois par la Russie sur le territoire ukrainien.

Pas de protection hors de la zone de front

Au Conseil national, loin de la réalité des attaques de drones quotidiennes, l’UDC, le PLR et une partie du Centre se sont alliés. Comment ? En rendant l’accès au statut de protection S plus dur. Concrètement, une motion de l’UDC souhaite octroyer la protection uniquement aux personnes dont le dernier domicile se situe dans des régions en conflit, ou occupées par la Russie. Les réfugié-es ukrainien-nes actuellement présent-es en Suisse et issu-es d’autres régions que celles occupées par la Russie ou soumises à des combats intenses ne devraient plus avoir droit au statut S. Sans statut S, ces personnes n’auraient d’autres choix que de retourner en Ukraine… précisément là où des attaques peuvent survenir à tout moment.

« En contradiction avec l’engagement pour la paix »

De son côté, l’administration fédérale estime que cette décision fait courir un véritable risque à la réputation internationale de la Suisse. Le Département fédéral des Affaires étrangères a même déclaré que cette décision pourrait être perçue « comme un manque de solidarité de la part de l’Union européenne (UE), et en particulier de l’Ukraine, et serait en contradiction avec l’engagement de la Suisse pour la paix en Ukraine. »

Après avoir déclaré sa solidarité avec l’Ukraine, ce n’est pas la première fois que le Centre joue un double jeu. Le sénateur Peter Hegglin a ainsi refusé en milieu d’année de reconnaître à l’Ukraine et sa population le rôle de victimes dans cette guerre. Et ce, bien que le président du Centre Gerhard Pfister ait encore souligné en 2022 que la politique ne devait pas commencer à diviser la population de l’Ukraine en deux classes. « Si l’on exige que seuls les Ukrainiens des régions occupées puissent encore séjourner en Suisse, nous soutenons un objectif de guerre de la Russie. A savoir la division de l’Ukraine », a critiqué le président du Centre Gerhard Pfister sur Nau.ch. C’est précisément cette division qu’une partie du Centre a approuvée au Conseil national. Le Centre ne tient donc pas ses propres promesses.


1 COMMENTAIRE

  1. Je comprends les engagements de la Suisse pour la Paix, mais est-il durcir les conditions d’accès au statut S pour les Ukrainiens, c’est aussi une façon de faire justice pour d’autres groupes de demandeurs d’asile, présents en Suisse, qui n’ont pas la possibilité de vite travailler comme c’est le cas des Ukrainiens. Car les Ukrainiens ne doivent pas regretter cette décision dans la mesure où eux ont bénéficié des avantages que d’autres réfugiés, comme travailler plus vite en arrivant en Suisse et ailleurs.
    Ce que je trouve une INJUSTICE, puisqu’il y’a des pays longtemps en guerre avant l’Ukraine comme le Soudan, mais quand les soudanais arrivent en Suisse et en Europe en général demander l’asile, ils font la procédure comme tout le monde, et donc sans droits de travailler vite comme les Ukrainiens. Une injustice à corriger, car tout demandeur d’asile est ÉGAL devant la loi selon le droit international des réfugiés.

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