Donald Trump veut dominer le monde – pas seulement en imposant des droits de douane arbitrairement élevés. Il le fait également en interdisant les programmes de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) et les mesures pour éviter une catastrophe climatique. Ceci entraîne des répercussions au-delà de l’Atlantique.
Masculin, blanc, hétéro, ils chauffent le climat
Le néofascisme trumpien est une idéologie fortement misogyne, raciste et homophobe. Le président des États-Unis impose par décrets une suprématie des hommes blancs hétérosexuels. Afin d’obéir en anticipation, de grandes entreprises suisses telles que Roche, Novartis ou encore UBS, ont rejoint cet effort. Dans leurs rapports ou sur leurs sites web, l’on cherche en vain des objectifs visant à employer plus de femmes ou de minorités.
UBS a gommé de son rapport de durabilité toute mention de diversité, équité et inclusion. En 2023 encore, le même rapport mentionnait ces mots 21 fois. Aussi, UBS a abandonné son objectif de recruter 30 % de femmes cadres.
Mais ce n’est pas le seul domaine où UBS fait machine arrière. Les objectifs climatiques ont également fondu. Alors que la mégabanque voulait décarboniser ses activités d’ici à 2025 par le passé, ce délai a maintenant été reporté de 10 ans. La raison citée par la banque : suite à l’achat de Credit Suisse, UBS dispose d’un portfolio immobilier bien plus grand qu’auparavant, ce qui dégrade son bilan carbone.
De surcroît, UBS envisage de quitter la « Net Zero Banking Alliance » (NZBA), qu’elle a fondée en 2021 avec d’autres banques. En décembre 2024 déjà, avant l’assermentation de Trump, six des plus grandes banques américaines ont quitté la NZBA. L’alliance, convoquée par l’ONU, a consolidé des objectifs climatiques clairs pour ses membres.
Le secteur pharmaceutique sous pression
La situation est similaire dans l’industrie pharmaceutique : Roche visait jusqu’à présent un quota de femmes en postes de cadres de 38 % et un quota général de « minorités ethniques » de 19 %. Mais le géant de la pharma a dorénavant abandonné ces efforts pour plus de diversité, afin de respecter les décrets de Donald Trump. Cependant, l’inclusion semble encore être autorisée : L’entreprise a renommé son « Chief Diversity Officer » en
« Chief Inclusion and Belonging Officer ».
Quant à Novartis, l’entreprise a supprimé des mesures pour encourager la diversité au cours du processus de recrutement aux États-Unis. La raison officielle : respecter les lois de Trump. Cependant, « Diversity, Equity, Inclusion » figure toujours sur le site web de Novartis.
Ainsi, les grandes entreprises se plient aux dernières évolutions politiques. Nathalie Amstutz, professeure et chargée de cours en Human Ressource Management à la HES « Nordwestschweiz », parle même « d’autocensure » de la part des entreprises.
En Suisse, deux initiatives ont comme objectif de responsabiliser les grands groupes : l’initiative pour une place financière durable et l’initiative pour des multinationales responsables exigent des entreprises d’agir de manière responsable et durable au niveau international. Les initiatives sont le meilleur instrument pour tenir tête au trumpisme.