Fuite des ultra-riches à cause de l’initiative pour l’avenir : mythe ou réalité ?

L’initiative pour l’avenir souhaite introduire un impôt de 50 % sur les héritages supérieurs à 50 millions de francs. Si l’initiative est acceptée, des milliards pourraient être récoltés pour lutter contre le changement climatique tout en réduisant les inégalités. Les opposant-es craignent toutefois que les ultra-riches quittent le pays — mais est-ce vraiment réaliste ?

Montage photo combinant, en arrière-plan, un groupe de manifestants alignés derrière un mur factice de briques rouges, tenant des drapeaux et banderoles trilingues (en français, allemand et italien) appelant à taxer les plus fortunés pour « sauver le climat » et « construire l’avenir ». Au premier plan, trois portraits détourés avec liseré blanc : à gauche, un homme d’âge moyen portant lunettes, costume sombre et cravate, regard sérieux ; au centre, une femme d’âge mûr aux cheveux gris coupés court, vêtue d’une veste sombre et d’un t-shirt à rayures, l’air attentif ; à droite, une femme aux longs cheveux blonds, habillée de blanc, la main levée en geste d’explication, ongles vernissés de rouge.
Images : Keystone/Peter Klaunzer/SP Schweiz

Le 30 novembre, la population suisse se prononcera sur l’initiative pour l’avenir. Elle pourra ainsi décider si les ultra-riches doivent enfin être imposé-es de manière équitable. Il n’est donc pas étonnant que le camp bourgeois et ses lobbies richissimes tirent la sonnette d’alarme. Il est grand temps de vérifier les affirmations des opposant-es.

 1 

L’initiative entraînera le départ des ultra-riches et des entreprises

L’UDC, le Centre, le PLR et les Vert’libéraux évoquent sans cesse, dans le cadre de cette initiative, le départ précipité de jusqu’à 98 % des personnes concernées si l’initiative était acceptée. Cependant, bon nombre des études citées, y compris l’expertise souvent mentionnée à l’intention du Conseil fédéral, ne tiennent pas compte de facteurs supplémentaires. La sécurité et la qualité de vie, les bonnes possibilités de formation et les emplois en Suisse sont totalement omis des analyses.

Or, ces facteurs ont une influence considérable sur le comportement des ultra-riches. Les résultats de l’étude surestiment donc l’exode potentiel des ultra-riches en réaction à l’introduction de l’impôt.

Conclusion: cet argument est trompeur et exagéré.

 2 

L’initiative détruit les entreprises familiales et les PME

Les opposant-es à l’initiative affirment régulièrement que les PME et les entreprises familiales sont menacées par l’initiative. Le vice-président (désormais président) de l’Association Suisse des PME avait déjà déclaré en 2015, lors du vote sur la réforme de la fiscalité successorale : s’il y avait un abattement de 50 millions de francs suisses, aucune PME ne serait touchée. L’initiative pour l’avenir prévoit donc un abattement de 50 millions de francs suisses. À cela s’ajoute le fait que le Parlement pourrait explicitement décider, lors de la mise en œuvre, d’accorder des exceptions aux entreprises qui, par exemple, sont depuis longtemps détenues par une famille.

Conclusion: cet argument est tout simplement faux.

 3 

Les riches supportent déjà aujourd’hui la majeure partie de la charge fiscale

« Les entrepreneur-euses et les personnes fortunées paient déjà aujourd’hui des impôts élevés à la Confédération et aux cantons. » C’est une affirmation que l’on entend souvent dans les milieux bourgeois. Mais on oublie ici que la part des impôts sur la fortune dans les recettes fiscales totales du budget fédéral ne représente qu’environ 5,7 %. La majeure partie des recettes fiscales provient des impôts sur le revenu, qui pèsent beaucoup plus lourdement sur la classe moyenne que sur les ultra-riches.

En outre, le principe de l’imposition selon la capacité contributive s’applique. Cela signifie qu’une personne disposant d’un patrimoine important devrait contribuer davantage qu’une personne qui doit travailler pour gagner sa vie. Néanmoins, ces dernières années, les ultra-riches ont bénéficié à plusieurs reprises d’allégements fiscaux massifs.

Conclusion: cet argument est trompeur.

 4 

Le taux d’imposition prévu par l’initiative est beaucoup trop extrême

« Absurde », « extrême », « radicale » ou encore « dangereuse ». Le camp bourgeois ne manque pas de créativité lorsqu’il doit décrire l’initiative de la Jeunesse socialiste et le montant de l’impôt sur les successions. Il oublie soudainement que des taux d’imposition nettement plus bas avaient été proposés durant le débat au Parlement et qu’ils avaient tous été rejetés sans hésitation par le centre-droit. Le montant de l’impôt n’a donc aucune importance pour eux. Il s’agit uniquement de la protection, politiquement voulue, des ultra-riches.

Conclusion: il s’agit d’un argument fallacieux.

 5 

L’initiative vise une restructuration économique socialiste

Enfin, la crainte d’une restructuration économique socialiste est souvent évoquée. Mais il s’agit d’une imposition équitable des fortunes colossales acquises sans effort, obtenues par héritage. Un impôt sur les successions, tel que le propose l’initiative, protège contre la concentration extrême des richesses, qui représente un danger pour la démocratie et le climat.

Conclusion: cet argument est, lui aussi, faux.


LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici