13e rente AVS : la population veut protéger le pouvoir d’achat

Le oui à la 13e rente AVS est historique : pour la première fois, la population et les cantons ont approuvé une initiative visant à renforcer l’AVS. Ce résultat est de bon augure pour la votation sur l’initiative d’allègement des primes. Soumise aux urnes en juin, l’initiative propose de plafonner les primes à 10 % du revenu disponible.

(KEYSTONE/Peter Schneider).

Par 58,2 %, les citoyen-nes ont clairement approuvé l’introduction d’une 13e rente AVS. Dès 2026, les retraité-es devraient recevoir un mois de rente supplémentaire. La joie du PS et des syndicats est grande face à ce succès. C’est la première fois qu’ils parviennent à renforcer l’AVS par le biais d’une initiative.

Pour les partis bourgeois et les faîtières économiques comme Economiesuisse, le oui est en revanche un gros échec. Malgré un budget de campagne dépassant d’un million celui des partisans, ils n’ont pas réussi à convaincre.

Seuls les riches disent non

Le sondage de sortie des urnes de Tamedia montre que ce sont les personnes ayant des revenus faibles ou moyens qui ont voté en faveur de l’initiative. La majorité des personnes gagnant bien leur vie étaient contre l’introduction de la 13e rente AVS. Elles ont toutefois été mises en minorité par les personnes à faible revenu : les personnes appartenant à des ménages dont le revenu mensuel est inférieur à 4000 francs ont voté à 69 % en faveur de la 13e rente AVS. Cela contraste fortement avec les personnes gagnant bien leur vie : seuls 39 % des personnes gagnant plus de 16 000 francs par mois ont soutenu la 13e rente.

Une grande majorité des personnes sondées a en outre indiqué ne pas faire confiance à la promesse des partis bourgeois selon laquelle ils augmenteraient les rentes des plus pauvres en cas de non.

Prochaine étape : le plafonnement des primes

Pour l’initiative d’allègement des primes, qui sera soumise au vote en juin, le « oui » à la 13e rente AVS est un signal important. La population suisse n’est plus prête à accepter sans broncher l’affaiblissement permanent de son pouvoir d’achat. L’initiative d’allègement des primes vise à garantir que personne ne doive consacrer plus de 10 % de son revenu à ses primes d’assurance maladie. Cela doit permettre de soulager les personnes qui souffrent particulièrement des primes d’assurance maladie élevées.

Un allègement qui ne concerne pas que les familles

L’explosion des primes d’assurance-maladie est l’une des principales préoccupations de la population suisse. Depuis le début de l’année, les primes de l’assurance-maladie obligatoire ont augmenté en moyenne de 8,7 %. Dans les cantons, l’allègement individuel des primes ne suit pas. Pour cette raison, de plus en plus d’assuré-es sont contraint-es de choisir une franchise élevée. Conséquence : par peur de factures élevées, beaucoup de personnes ne se rendent donc pas chez le médecin ou seulement très tard.

L’initiative du PS soulagerait non seulement les personnes à faible revenu, mais aussi et surtout celles à revenu moyen ainsi que les familles. En effet, le système actuel de réduction individuelle des primes a pour conséquence que la classe moyenne ne reçoit souvent rien.

Le Conseil des États a renoncé à un contre-projet efficace

La commission compétente du Conseil national a également reconnu que la charge des primes était trop élevée, y compris pour les familles et la classe moyenne. Elle a donc présenté un contre-projet à l’initiative. Mais cette proposition efficace n’a eu aucune chance au Conseil des États. Au lieu de cela, la Chambre haute a présenté une proposition qui ne couvrirait même pas la hausse des primes de 2024.

Depuis l’introduction de l’assurance-maladie obligatoire en 1997, les primes ont augmenté de 158 %. Cette hausse est d’autant plus problématique que, dans le même temps, les salaires n’ont augmenté que de 12 %. La classe moyenne est la plus touchée par cette évolution. Le 9 juin, les électeurs décideront s’ils veulent freiner cette évolution.

6 Commentaires

  1. Avant la LAMAL, le CF avait proposé un blocage des primes pour deux ans. Je faisais partie de la commission du National sur la santé pour cet objet. J’ai réussi à faire revenir en arrière ce conseil en utilisant un texte proposé aux États et les deux chambres ont fini par suivre cette proposition refusée dans un premier temps. C’était une autre période, mais les lobbyistes des assurances étaient déjà à la manœuvre.

  2. Vives, espiègles et respectueuses félicitations à Pierre-Yves Maillard, ainsi qu’à toute son équipe, comme il aime chaque fois à le rappeler. Son ton, sa rondeur et sa concision tout en orientant le projecteur sur ce qu’il entend mettre en évidence, changent tellement de la rigidité, sur un socle inamovible d’interdictions et d’absence de solidarité, d’individualisme et de manque de conversation. Puis-je ajouter : cette affection en partage…
    Tous mes voeux, pour chaque jour
    et à celles et ceux qui l’entourent.

  3. Bonjour, je soutiens évidemment cette initiative. Par contre, comme souvent, le diable se cache dans les détails. Il faudrait éviter le piège rencontré dans le canton de Vaud qui excluait du plafonnement les personnes avec une modeste fortune (notamment immobilière donc très peu liquide) et pour lesquelles les primes d’assurance élevées représentent malgré tout potentiellement un problème. La fortune immobilière et la valeur locative ne devraient pas empêcher quelqu’un avec des revenus modestes de bénéficier d’une prime plafonnée. Je ne me souviens plus si le texte de l’initiative laissera suffisamment de marge de manœuvre pour une application dans ce sens du cercle des bénéficiaires mais ça devra à mon sens être un point d’attention futur.

  4. On s’inquiète de savoir comment payer cette 13ème rente. On a trouvé des milliards pour des avions inutiles, donc il apparait que cela ne devrait pas être un problème pour cette 13ème rente. Etant donné que cette armée n’est que de la parade, on doit pouvoir facilement trouver les montants nécessaires à améliorer le sort des personnes âgées. J’ose espérer que Madame Amherd et ses colonels le comprendront.

  5. Rappel: L’avant-projet de Lamal présenté en novembre 1990 par la commission d’experts (Commission Schoch où la gauche n’était de loin pas majoritaire !) prévoyait déjà que « Les
    réductions individuelles de prime toucheront les personnes dont la prime, jointe à celles des membres de leur famille, dépasse un certain pourcentage – à déterminer – du revenu et de la fortune imposables. Ces subventions seront assumées par la Confédération et les cantons. La part de ces derniers dépendra de leur capacité financière. » (message du Conseil fédéral). Dommage que cet avis n’ait pas été suivi!

  6. Bravo pour cette victoire ! Bravo et félicitations à Pierre-Yves Maillard et ses adjoints pour leur campagne explicative, car la réussite n’était pas prévue dans un premier temps, tant la propagande droitière était virulente !

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