Les citoyennes et citoyens du canton de Fribourg voteront le 30 novembre sur l’inscription d’un salaire minimum dans la Constitution. Pour ses partisan-es, cette initiative doit permettre à chacun-e de vivre dignement de son travail. Plusieurs cantons suisses ont déjà franchi le pas et les expériences se sont révélées positives.
Diminution des inégalités salariales
Le salaire minimum permettrait de s’attaquer aux inégalités de revenus entre les femmes et les hommes : il s’appliquerait en premier lieu dans des secteurs comme la restauration, le nettoyage et la coiffure. Il s’agit de domaines où les emplois sont encore majoritairement occupés par des femmes. Comme le démontre le rapport d’Unia sur le travail féminin, ces femmes gagnent en moyenne moins de 4000 CHF par mois. À Fribourg, grâce au 23 CHF de l’heure, elles seraient au moins autant payées que les hommes.
Le salaire minimum a un effet positif additionnel. Les auteurs du rapport sur le salaire minimum genevois le disent très clairement : « L’introduction d’un salaire minimum peut inciter celles qui étaient ‹ inactives › à réintégrer la population active et celles qui étaient au chômage à en sortir plus rapidement ». Par rapport aux hommes, les chances de retrouver un emploi après l’introduction du salaire minimum ont augmenté de plus de 6 % pour les femmes. Avant la votation de 2020 sur le salaire minimum à Genève, 10,7% des femmes gagnaient moins de 4000 francs. Deux ans après son introduction, elles n’étaient plus que 3,3%.
Lutter contre les emplois précaires
À Neuchâtel, on observe que, grâce à l’augmentation des salaires les plus bas, les « mini-jobs » précaires se sont transformés en emplois réguliers. Cela montre que les entreprises sont visiblement capables de compenser ces hausses de salaire. En outre, depuis l’introduction du salaire minimum, le nombre d’apprenti-es est en constante augmentation dans ce canton.
En général, l’introduction d’un salaire minimum conduit à une hausse des salaires en bas de l’échelle. Cela signifie que, dans le canton de Fribourg, environ 6500 personnes verront leurs salaires augmenter. Le professeur d’économie à l’Université de Fribourg Sergio Rossi confirme : le salaire minimum « augmentera le niveau d’emploi ainsi que les recettes fiscales, réduisant la précarité sur le marché du travail ».
Pas d’augmentation du taux de chômage
À la fin 2018, soit un peu plus d’un an après l’introduction du salaire minimum dans le canton de Neuchâtel, le taux de chômage a diminué. Dans le même temps, le canton de Fribourg a vu son taux de chômage augmenter. Dans le canton de Genève, qui a inscrit le salaire minimum dans sa Constitution en 2019, le taux de chômage est resté inchangé. Cette évolution positive pour les employé-es est confirmée par le spécialiste Michael Siegenthaler : « La grande majorité des chercheurs-euses s’accordent à dire que les salaires minimums ne sont pas des tueurs d’emplois. »
