Salaire minimum : chacun-e doit pouvoir vivre de son travail

Le 30 novembre, la population fribourgeoise se prononce sur la mise en place d’un salaire minimum cantonal. Selon Joël Gavin de l’OSEO Fribourg (Œuvre Suisse d’Entraide Ouvrière, créé par les Femmes socialistes), le salaire minimum permet de lutter contre la pauvreté et de renforcer le pouvoir d’achat. Après les cantons de Genève, du Jura, de Neuchâtel, de Bâle-Ville et du Tessin, Fribourg pourrait devenir le 6ème canton à dire « oui ».

Une istribution alimentaire. Image : Gaetan Bally (KEYSTONE)

Le problème ne touche pas que Fribourg : toujours plus de personnes travaillent, souvent même à plein temps, et se retrouvent les poches vides à la fin du mois. Dans un pays aussi riche que la Suisse, cette situation choque. Joël Gavin insiste là-dessus en disant que : « Pour un pays aussi riche que la Suisse, il n’est pas acceptable d’avoir des working poor ». L’origine de ce développement inquiétant est connue : deux postes importants de dépenses des ménages – les loyers et les primes d’assurance-maladie – sont en constante augmentation depuis 20 ans. Les salaires réels n’ont, eux, pas suivi la même évolution.

Lutte efficace contre la pauvreté

Concrètement, l’initiative cantonale demande l’introduction d’un salaire minimum de 23 CHF par heure. Cela correspond à environ 4000 CHF par mois. L’initiative concerne l’ensemble des personnes actives dans le canton de Fribourg, à l’exception des apprenti-es, des mineur-es, des stagiaires et du secteur de l’agriculture. La plupart des personnes qui verraient leur existence améliorée grâce au salaire minimum travaillent dans la restauration, le commerce de détail, la coiffure, les maisons de retraite, les crèches ou le nettoyage.

Les organisations qui défendent le salaire minimum fribourgeois expliquent que si les salarié-es peuvent vivre dignement de leur salaire, leur dépendance à l’aide de l’Etat diminuera. Les services sociaux seraient donc soulagés, ne devant plus compléter les salaires insuffisants pour vivre. Encore une fois, selon le chef de l’OSEO Fribourg, « Grâce à de meilleurs salaires, un bon nombre de personnes précarisées ne seront plus dépendantes de l’aide sociale à Fribourg » tout en soulignant le fait que « si une entreprise n’est pas capable de payer des salaires de 23 CHF/h, elle devrait se poser des questions quant à son fonctionnement ».

« Le salaire minimum a une légitimité démocratique »

Plusieurs cantons et communes ont déjà mis en place un salaire minimum. En Suisse romande et latine, c’est le cas des cantons de Neuchâtel, du Jura et de Genève et du Tessin. Dans ces cantons, des effets positifs sur l’emploi et sur l’égalité ont été documentés. Dans les cantons de Fribourg, de Vaud et du Valais, des votations auront bientôt lieu pour introduire à leur tour un salaire minimum.

À Fribourg, les partis bourgeois et le Conseil d’Etat s’attaquent frontalement aux salaires minimums. « Dans ce canton, l’idée qu’un-e employé-e est avant tout une charge est encore très présente chez beaucoup de gens et également chez les politicien-nes. Mais avec des salaires plus élevés, les gens consomment plus, c’est également plus de recette pour l’Etat. Toute la société gagne de l’introduction d’un salaire minimum », abonde Joël Gavin.

Au niveau national, à l’aide d’une motion largement soutenue à droite, le Parlement veut faire baisser les salaires dans des métiers soumis à une forte pression. Guy Parmelin, Conseiller fédéral UDC et ministre de l’Économie, a critiqué cette tentative dans sa prise de position : « Par définition, une loi cantonale sur le salaire minimum a une légitimité démocratique et doit donc avoir plus de poids qu’une CCT déclarée de force obligatoire générale ». Les citoyennes et citoyens de Fribourg diront le 30 novembre si elles et ils veulent inscrire un salaire suffisant pour vivre dans la Constitution cantonale.


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