Avec l’initiative dite « Stop au Blackout », le Club Énergie Suisse, un lobby de centre-droit, souhaite construire de nouvelles centrales nucléaires. Bien que le Conseil fédéral rejette l’initiative, il met directement en œuvre ses objectifs avec une contre-proposition : la loi sur l’énergie nucléaire doit être modifiée de manière à ce que de nouvelles autorisations générales pour les centrales nucléaires puissent à nouveau être délivrées, ce qui est interdit depuis l’entrée en vigueur de la stratégie énergétique 2050.
« direct » vous montre pourquoi cette technologie à haut risque n’est pas efficace, mais au contraire problématique et nuisible à l’environnement.
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Le risque d’un accident nucléaire majeur reste
Ces dernières années, nous avons été confronté-es à maintes reprises au fait que l’énergie nucléaire n’est pas une technologie durable et sûre. En 2011, un tsunami a provoqué plusieurs fusions nucléaires à Fukushima. En moins de 30 ans depuis l’accident de Tchernobyl, trois autres accidents nucléaires majeurs se sont produits. Depuis l’invasion russe en Ukraine, toute l’Europe regarde avec inquiétude Zaporijia, la plus grande centrale nucléaire du continent.
À plusieurs reprises, les communications ont été coupées ou des tirs ont frappé à proximité du réacteur ukrainien. Le risque d’une catastrophe nucléaire augmente en outre avec la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes, qui deviennent la nouvelle norme. Le risque résiduel d’un accident majeur reste donc élevé, même en l’absence de conflit armé.
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Dépendance vis-à-vis de régimes autocratiques
Un retour en force de l’énergie nucléaire augmenterait la dépendance de la Suisse vis-à-vis de pays autocratiques comme la Russie. En effet, seuls quelques pays exploitent l’uranium nécessaire. La Fondation suisse pour l’énergie écrit : « Plus de la moitié de la production mondiale provient de pays qui ne sont pas considérés comme libres selon l’indice Freedom House. » Cet indice classe les pays en fonction de leur degré de liberté politique et civile : le Kazakhstan, par exemple, qui est le plus grand producteur mondial d’uranium, a un indice très bas.
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L’extraction de l’uranium cause d’importants dommages à l’environnement
L’uranium utilisé dans les centrales nucléaires suisses provient de Russie et en partie de pays occidentaux, tels que le Canada, l’Australie ou les États-Unis. L’extraction et le transport de l’uranium causent d’importants dommages à l’environnement. Les souffrances humaines sont dévastatrices. Les mines sont souvent situées sur les terres de populations autochtones, ces dernières travaillent dans les mines sans protection contre les rayonnements.
Des régions entières restent contaminées par la radioactivité. Les personnes qui y vivent tombent gravement malades. De plus, l’uranium n’est pas une source d’énergie renouvelable, mais une ressource épuisable. Plus on en extrait, moins il y en a sur le marché et plus l’énergie produite à partir de cette ressource devient chère.
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Trop lent et trop cher
Le Club Énergie Suisse ne mentionne aucun de ces points dans son argumentation pour leur initiative « Stop au blackout ». Au lieu de cela, l’association tente de convaincre la population de la pertinence de sa cause en brandissant le scénario catastrophe d’une « panne d’électricité ». Elle omet toutefois de préciser que la planification et la construction de nouvelles centrales nucléaires prennent des décennies et sont extrêmement coûteuses.
Selon les estimations, une nouvelle centrale nucléaire ne pourrait être mise en service qu’en 2050 au plus tôt. Les coûts seraient exorbitants et seraient supportés par la population. Ceux-ci devraient être compensés par le développement des énergies renouvelables. La sécurité de l’approvisionnement serait alors compromise et l’initiative
« Stop au blackout » contribuerait peut-être elle-même à la pénurie d’électricité redoutée.