Initiative pour le chaos : la dangereuse expérimentation de l’UDC

Dès juin 2026, la Suisse votera sur la soi-disant « initiative pour une Suisse à 10 millions » de l’UDC. L’issue de ce scrutin sera décisive pour l’avenir du pays : une acceptation de l’initiative mènerait à un isolement de la Suisse, détruirait les relations avec l’UE et reléguerait tous les citoyen-nes européen-nes vivant en Suisse au rang de personnes de seconde classe.

Photo prise sous la pluie devant un mur gris orné de trois affiches de l’UDC – à gauche en français : “Non à une Suisse à 10 millions d’habitants”, au centre en italien : “NO a una Svizzera da 10 milioni di abitanti”, à droite en allemand : “Stopp 10-Millionen…”. Au sol mouillé, on aperçoit le reflet des silhouettes. À gauche, un petit groupe de trois personnes debout sous leurs parapluies discute près d’une boîte posée contre le mur. À droite, deux femmes échangeant elles aussi sous un parapluie se font face.
Image : keystone/Michael Buholzer

La Suisse se prononcera probablement en juin 2026 sur l’initiative radicale de l’UDC dite « Suisse à 10 millions », qui vise à limiter la population résidente et à résilier les accords bilatéraux avec l’Union européenne. Voici cinq raisons pour lesquelles un oui à cette initiative du chaos aurait des conséquences lourdes et dangereuses :

 1 

La fin de la voie bilatérale avec l’UE

Dès que la Suisse aura encore augmenté sa population de 4 % pour atteindre 9,5 millions d’habitant-es, l’initiative demandera en pratique la résiliation de la libre circulation des personnes. En effet, elle oblige le Conseil fédéral et le Parlement à adopter des mesures restrictives contre le regroupement familial des citoyen-nes de l’UE. Ce serait une rupture claire de l’accord sur la libre circulation et, à cause de la fameuse « clause guillotine », entraînerait la fin de tous les accords bilatéraux avec l’UE.

 2 

1,5 million de citoyen-nes européen-nes en Suisse deviendraient des personnes de seconde classe

Pour les 1,5 million de citoyen-nes européen-nes vivant en Suisse — dont de nombreux-ses soignant-es, enseignant-es et spécialistes de l’informatique — un oui à l’initiative aurait des conséquences graves : ils et elles devraient à tout moment s’attendre à une résiliation de la libre circulation, à l’introduction de contingents ou à l’expulsion de leur conjoint-e et de leurs enfants. Leur droit de séjour ne serait plus garanti, même avec un emploi. Les 466 000 Suiss-esses vivant dans l’UE seraient aussi durement touché-es : ils et elles pourraient perdre leur droit de séjour, leurs possibilités de travail ainsi que l’accès à la Sécurité sociale et aux soins médicaux.

 3 

La suppression du droit d’asile

L’initiative prévoit aussi de résilier plusieurs conventions internationales sur les droits humains, dont la convention sur les réfugié-es, la convention relative aux droits de l’enfant et le Pacte II de l’ONU. Cela reviendrait pratiquement à supprimer le droit d’asile en Suisse. Une fois de plus, l’UDC s’en prendrait ainsi à un groupe particulièrement vulnérable, qui ne représente que 2,5 % de la population totale, afin de servir son agenda politique d’extrême droite.

 4 

Effondrement du système de santé

Déjà aujourd’hui, il manque près de 15 000 professionnel-les dans les hôpitaux et les EMS ; d’ici 2030, ce nombre pourrait doubler. Un tiers du personnel soignant vient de l’étranger. Si ces travailleur-euses devaient partir à cause de la fin de la libre circulation, l’effondrement du système de santé suisse serait inévitable.

 5 

Pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans tous les secteurs

Mais ce n’est pas seulement la santé qui serait touchée, c’est toute l’économie. La génération du baby-boom part à la retraite et il manque déjà chaque année des dizaines de milliers de travailleur-euses. Sans immigration, près de 460 000 postes à plein temps pourraient rester vacants dans dix ans — le niveau actuel de prospérité serait impossible à maintenir.

Conclusion

Si la population suisse ne croît que de 4 %, la libre circulation devra déjà être résiliée. Cela plongerait la Suisse dans le chaos en quelques années seulement. Les Européen-nes vivant ici perdraient leurs droits, l’économie suisse verrait son accès au marché unique fortement restreint, et les relations avec l’UE seraient brisées. Pourtant, dans un monde où Trump sème le chaos et la haine, nous avons besoin des relations stables avec nos voisins et de la reconnaissance pour nos collègues, ami-es et voisin-es. Car c’est seulement ensemble que nous pourrons prendre soin de nos aîné-es, entretenir nos routes et porter l’innovation.


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