La Confédération économise : encore plus d’argent pour les chars, moins pour la pédiatrie

Le Conseil fédéral demande environ 1,5 milliard de francs supplémentaires pour l’acquisition de matériel militaire. En même temps, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) doit faire des économies au détriment de la médecine pédiatrique, de la prévention dans le système de santé et de l’équité en santé.

DDPS Amherd Armée chars
Image : keystone/Peter Schneider

L’armée et le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) ont récemment fait la une des journaux avec une série de scandales : fuites d’informations, fraude et mise en œuvre laborieuse de projets coûteux. Malgré ce chaos, le département réclame maintenant plus de 1,5 milliard de francs pour la remise en état des chars Leopard 2 et d’autres équipements militaires.

Le DDPS n’a pas à se soucier du financement de ces dépenses. Une justification suffit : la sécurité de la Suisse serait menacée.

Le Parlement aura le dernier mot. Bien que ce dernier exige régulièrement un plan d’acquisition concret et global, il devrait approuver sans trop de difficultés la liste d’achats du DDPS. Jusqu’à présent, les partis bourgeois ont toujours soutenu la politique de réarmement avec un enthousiasme débordant, presque aveugle. Il devient difficile de reconnaitre une politique financière « responsable ».

Coupes dans la médecine pédiatrique pour des chars

Entretemps, la majorité UDC/PLR veille à ce que des économies soient réalisées ailleurs. Cela signifie des coupes dans l’égalité et dans les mesures en faveur des plus vulnérables — entre autres.

Hier, l’OFSP a annoncé que la base de données des médicaments pédiatriques
« SwissPedDose » était touchée par la politique d’austérité imposée par le Parlement et par la Confédération. Mise en ligne en 2018, cette base de données vise à améliorer la sécurité et l’usage des médicaments pour les enfants. En effet, les médicaments développés et testés spécifiquement pour les enfants sont extrêmement rares.

Comme l’explique l’OFSP, les pédiatres doivent donc souvent recourir à des médicaments pas encore autorisés ou conçus pour les adultes. Avec l’aide de SwissPedDose, il est plus facile de trouver le bon dosage pour les enfants. Actuellement, plus de 460 recommandations pour 134 substances y sont répertoriées.

Suppressions de postes à l’OFSP au nom du frein à l’endettement

La division responsable de l’équité en santé doit également être supprimée. Son objectif était de garantir un accès sans obstacle à des soins de qualité, en particulier pour les personnes migrantes, en situation de handicap ou à bas revenus. Ces groupes sont plus souvent confrontés à des problèmes de santé, tout en rencontrant davantage de difficultés pour accéder aux soins.

Par ailleurs, les budgets alloués aux stratégies nationales sur les infections associées aux soins et les maladies sexuellement transmissibles seront réduits. Au total, ces coupes entraîneront la suppression de 19,5 postes à plein temps à l’OFSP.

Cette réduction des prestations de santé pour la population s’inscrit dans le diktat d’austérité imposé par le centre-droit, dans le cadre du frein à l’endettement et du
« redressement budgétaire » appliqué aux devis 2024/2025. En raison de l’augmentation des dépenses militaires, ces coupes ont touché pratiquement tous les départements. À l’exception du DDPS et, en partie, de l’agriculture.

En s’appuyant sur les « exigences et prescriptions techniques » du frein à l’endettement, le Conseil fédéral dissimule le fait qu’il cherche en réalité à éviter un débat politique. Il refuse d’imposer une contribution supplémentaire à sa propre clientèle bourgeoise pour financer l’énorme augmentation du budget militaire.


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