« direct » : Yehuda Shaul, il y a un an, le Hamas a tué 1 200 personnes en Israël. La riposte de l’armée israélienne à Gaza se poursuit encore aujourd’hui – plus de 42 000 personnes ont déjà été tuées. Des deux côtés, de nombreux civils font partie des victimes. Pendant ce temps, la guerre menace de s’étendre à toute la région. Qu’est-ce que cette situation actuelle fait à une société ?
Yehuda Shaul : C’était une année terrible de bout en bout. Il y a deux façons de réagir au massacre du 7 octobre : on peut soit remplir son cœur de colère, de rage et de désir de vengeance, soit le remplir d’humanité et de compassion. De nombreuses et nombreux proches des victimes et des otages enlevé-es à Gaza n’ont pas perdu cette humanité, malgré l’immensité de la souffrance. Il faut être clair : le bombardement généralisé de Gaza n’apportera ni sécurité ni stabilité, mais sèmera plutôt les graines qui empliront les générations futures d’une haine profonde. Ce qu’il faut, c’est une solution diplomatique. C’est la seule façon de sauver les otages. Mais le gouvernement israélien n’est pas intéressé par cette solution.
« Il est important de ne pas oublier que tout cela n’a pas commencé le 7 octobre. »
Vous vous engagez depuis des années pour une cohabitation pacifique. Comment vous sentez-vous dans la situation actuelle ?
Nous, militant-es pour la paix, avons averti depuis des années qu’il n’était pas possible de « gérer » ce conflit tant que l’occupation en Cisjordanie et le siège de la bande de Gaza se poursuivaient. Nous ne pouvons pas priver des millions de Palestinien-nes de leurs droits et de leur dignité tout en vivant dans la sécurité et la paix à long terme. Une telle situation finira tôt ou tard par nous exploser à la figure. Mais personne n’a écouté notre avertissement. Malgré cela, ou justement à cause de cela, nous avons été extrêmement choqué-es il y a un an. L’ampleur de la déshumanisation et de la cruauté du Hamas était tout simplement insupportable. Cela m’a rendu malade. Mais il est important de ne pas oublier que tout cela n’a pas commencé le 7 octobre.
C’est pourtant précisément comme cela que les médias occidentaux ont présenté la situation.
La communauté internationale doit comprendre que si l’on veut protéger les vies juives et palestiniennes, il faut s’engager dans des efforts diplomatiques et éliminer les causes de la violence. Nous parlons ici de 57 ans d’occupation militaire. Nous parlons de plus de 70 ans d’expulsion des Palestinien-nes. L’autodétermination juive ne peut aller de pair qu’avec l’autodétermination palestinienne.
« Chaque nuit, depuis des décennies, vingt familles sont ainsi tirées du sommeil rien que dans la ville d’Hébron, alors que nous dormons tranquillement en Suisse ou à Jérusalem. »
Vous étiez vous-même soldat en Cisjordanie pendant la deuxième Intifada et avez fondé en 2004, avec d’autres soldats, l’organisation « Breaking the Silence ». Quelles étaient vos motivations ?
J’ai grandi dans une famille politiquement à droite. J’ai fait mes études secondaires dans une colonie illégale en Cisjordanie. J’y ai également fait mon service militaire, pendant la deuxième Intifada. C’est ce que j’ai fait là-bas qui m’a amené là où je suis aujourd’hui. Il ne s’agit même pas des choses les plus graves et les plus violentes, mais de la routine quotidienne : de ce qu’il faut faire pour imposer une occupation militaire.
Et que faut-il faire ?
L’armée israélienne devrait être partout et tout le temps. Les Palestinien-nes devraient se sentir constamment surveillé-es et vivre dans la peur, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Si une unité militaire pénètre dans votre maison à une heure du matin, la fouille, sort dans la rue, lance quelques grenades assourdissantes, fait un peu de bruit, court jusqu’à l’autre coin de la rue et pénètre dans une autre maison – cela répand la peur et la terreur. Chaque nuit, depuis des décennies, vingt familles sont ainsi tirées du sommeil rien que dans la ville d’Hébron, alors que nous dormons tranquillement en Suisse ou à Jérusalem.
« Je ne crois malheureusement pas que les protestations changeront grand-chose ici. Nous avons besoin d’une pression internationale sur le gouvernement. »
Vous n’en pouviez plus.
Oui, je savais que ce que nous faisions était moralement mauvais. Je ne pouvais pas continuer sans faire quelque chose à ce sujet. La société et le monde doivent savoir ce que fait notre armée.
« Breaking the Silence » est encore aujourd’hui très active et a un grand rayonnement international. Depuis le 7 octobre, elle critique vivement la manière dont la guerre est menée à Gaza. La population soutient-elle l’action du gouvernement ?
Israël a dû se défendre après le 7 octobre, c’est évident pour moi. Mais il y a des limites à tout. L’attaque défensive doit impérativement se faire dans les limites du droit international humanitaire. Il s’agit aussi d’une défaillance morale de notre société. Je suis heureux qu’il y ait des protestations contre cela en Israël et au niveau international. Mais je ne crois malheureusement pas que les protestations changeront grand-chose ici. Nous avons besoin d’une pression internationale sur le gouvernement.
« Je suis choqué par le chèque en blanc qu’Israël a reçu de la communauté internationale. Cela permet à Netanyahu de poursuivre indéfiniment les bombardements sur Gaza. »
Sinon, où cela va-t-il nous mener ?
Les ministres Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich – qui sont en fait des fascistes au sein du gouvernement israélien – sont prêts à sacrifier les otages. Leur objectif est d’occuper la bande de Gaza et d’en expulser les Palestinien-nes. Et Netanyahu ? Il veut tout simplement rester au pouvoir. Il est donc clair que nous n’arriverons à rien avec ce gouvernement. Nous avons besoin de la pression de l’étranger – il faut un cessez-le-feu !
Actuellement, la guerre menace de s’intensifier : Israël bombarde des cibles au Liban, l’Iran attaque Israël avec des missiles. Comment cela va-t-il continuer ?
Je suis choqué par le chèque en blanc qu’Israël a reçu de la communauté internationale. Cela permet à Netanyahu de poursuivre indéfiniment les bombardements sur Gaza. Je suis vraiment très inquiet, non seulement parce que nous allons récolter la haine que nous semons à Gaza, mais aussi pour le monde, si la communauté internationale n’intervient plus lorsque le droit international humanitaire est bafoué. Cela ne peut pas continuer.
Yehuda Shaul est né et a grandi en Israël. En 2004, il a fondé avec d’autres soldats « Breaking the Silence ». L’organisation publie des rapports de soldats envoyés dans les territoires occupés et s’engage pour la fin de l’occupation militaire de la Palestine. Depuis 2020, il co-dirige le think tank OFEK, un centre israélien d’affaires publiques qui milite pour la solution à deux États.
Il est très important que les juif progressites, tel que Sahul, intensifient ses protestations partout dans le monde, en appui del juifs qui s’appossent à Nethanyahu en Israel arrivent à le déplacer du pouvoir. De même tous les democrates et démocraties du monde.
Je suis entièrement d’accord avec Yehuda. En fait il ne m’a rien appris.
Je suis une autre piste. Les Thomas Römer & Co. Josué 1-12 a été
écrit par les scribes au 6ème siècle a,C. C’est un plagiat des histoires de guerre des assiriens.
La seule conquète militaire de Canaan a eu lieu au XXème siècle.
Je pense en effet que l’on peut mettre fin à cette guerre de 100 ans par où on aurait dû commencer : l’autodétermination des Palestiniens et des Palestiniens seuls. Rien ne pourra se faire dans un cadre sioniste. Pour la paix il faut que le peuple juif reconnaisse que le sionisme colonial ainsi que le colonialisme a vécu !