Malgré quatre revers fiscaux dans les urnes, l’ancien conseiller fédéral Ueli Maurer a fait une nouvelle tentative pendant son mandat pour introduire de nouveaux privilèges fiscaux pour les multinationales. Avec la taxe au tonnage, ce n’est plus le bénéfice des compagnies maritimes qui devait être déterminant pour le calcul de l’impôt. Au lieu de cela, elles devaient être imposées en fonction de leurs capacités de transport. Outre les compagnies maritimes, les compagnies actives dans le commerce de matières premières comme Glencore, qui possèdent leurs propres bateaux et qui auraient pu soumettre une partie de leurs bénéfices à la taxe au tonnage, auraient également profité de cette nouvelle réglementation. C’est ce que révèle une enquête de « direct » [en allemand].
Le PLR ne peut pas maintenir le cap
Les compagnies maritimes et celles actives dans le commerce de matières premières ont réalisé des milliards de bénéfices ces trois dernières années. Ce sont justement ces deux branches qui devraient être favorisées par la taxe au tonnage. L’UDC, le PLR et Le Centre se sont prononcés à plusieurs reprises en faveur de cette mesure. Le PS a annoncé le lancement d’un référendum contre ce projet lors de l’examen en commission. Le centre-droit a alors repoussé l’affaire aux calendes grecques. Le débat n’a été repris qu’après les élections fédérales.
Après la victoire historique du PS et des syndicats sur la 13e rente AVS, le PLR a tiré le frein d’urgence : avec une partie du centre et de la gauche, il rejette la taxe au tonnage au Conseil des États. L’« expérimentation » est devenue trop risquée pour eux.
Une nouvelle victoire pour le pouvoir d’achat de la population
Le PLR coule ainsi précisément le projet qui est désormais défendu par sa ministre des Finances Karin Keller-Sutter. Après quatre revers fiscaux consécutifs et les défaites cuisantes sur le relèvement de l’âge de la retraite et la 13e rente AVS, le PLR ne semble pas avoir envie d’essuyer un nouveau refus dans les urnes. Pour la population, c’est une bonne nouvelle : si les multinationales paient toujours moins d’impôts, c’est la classe moyenne qui, au final, devra passer davantage à la caisse [en allemand]. Dans le cas de la taxe au tonnage, la seule menace d’un référendum a permis d’éviter cela. L’affaire retourne maintenant au Conseil national.