« Il faut tout faire pour éviter la victoire du Rassemblement national »

Durant ses derniers jours de campagne et ses allers-retours entre Paris et Genève, Halima Delimi, candidate socialiste dans la 6e circonscription des Français-es établis hors de France (Suisse et Liechtenstein), nous a accordé une interview. Arrivée deuxième lors du 1er tour des élections législatives avec 30% des voix, Halima Delimi nous explique son engagement.

Halima Delimi, Photo : KEYSTONE / LAURENT GILLIERON
Après 10 ans au pouvoir, le bilan d’Emmanuel Macron est très critiqué : affaiblissement des services publics, crise du pouvoir d’achat, augmentation de l’âge de la retraite, on a l’impression que tous ces sujets ont rendu la population française impuissante. Quelles seront vos priorités à Paris en tant que députée ?

 

Halima Delimi : Mon engagement de députée reposera sur les priorités que sont le développement durable et l’entrepreneuriat inclusif. L’inaction environnementale du Président de la République a accéléré le renforcement de la dette climatique. Les risques climatiques ont coûté 10 milliards d’euros en France en 2022, et le phénomène ne cesse de s’aggraver. Face à ce constat, il nous faut relever ensemble le défi climatique et rassembler sur la transition écologique à travers la planification écologique. Mettre les citoyens au centre de la transition écologique implique de les consulter, de les impliquer et de les accompagner dans les décisions et les actions. Par ailleurs, parce que les entreprises créent de la richesse, de l’emploi, innovent, redynamisent les territoires, il est indispensable de leur permettre de s’adapter à une économie mondialisée à travers la promotion du système coopératif, de l’économie sociale et solidaire. En favorisant la transformation des entreprises vers des procédés de production respectueux de l’environnement, l’écoconception, l’économie circulaire et l’écologie industrielle, l’État, l’Union européenne doivent pouvoir permettre aux entreprises d’assumer leur rôle sociétal. 

« Mon engagement de députée reposera sur les priorités que sont le développement durable et l’entrepreneuriat inclusif. » 

Environ 200 000 Français-es vivent en Suisse. Pourquoi ces élections législatives anticipées sont essentielles pour elles et eux ?

 

Les binationaux et les Français de l’étranger rencontrent quotidiennement un certain nombre de défis : accès aux services consulaires, éducation, couverture santé et protection sociale, mobilité transfrontalière… c’est parfois un vrai parcours du combattant, nous l’avons vécu ma famille et moi-même, car après avoir vécu plusieurs années à Tokyo, je suis revenue vivre en Suisse avec ma famille franco-japonaise. Ces sujets, les problématiques rencontrées par les Français de l’étranger en Suisse et au Liechtenstein doivent pouvoir être portées au Parlement. La voix des députés des Français de l’étranger doit être entendue au même titre que les parlementaires des circonscriptions de l’Hexagone.

« Nous nous attèlerons à densifier ces liens à toute l’Europe pour le projet social écologiste commun. »

 

La gauche suisse (LINK) s’est elle aussi unie pour appeler à faire barrage à l’extrême droite et soutenir le Nouveau Front populaire. Comment allez-vous consolider les liens, politiques ou non, entre la Suisse et la France ?

 

Ces liens existent déjà, entre la France et la Suisse, en tant que socialiste internationaliste, suite à l’élection également d’Alain Berset au Conseil de l’Europe, nous nous attèlerons à densifier ces liens à toute l’Europe pour le projet social écologiste commun.

 

Le programme d’extrême droite du Rassemblement national inquiète de nombreux-es Français-es. Jordan Bardella a par exemple proposé d’exclure les personnes binationales d’un certain nombre d’emplois publics. En tant que binationale, comment avez-vous réagi à ces propos ?

 

C’est tout ce que je veux combattre. Alors que l’extrême droite est aux portes du pouvoir, notre pays se trouve à un tournant décisif de son histoire. Écarter les binationaux de la fonction publique, des marchés publics, etc., c’est l’objet d’une proposition de loi du RN. Appliquée à la lettre, cette discrimination affecterait des centaines de milliers d’emplois.

 

« L’égalité femmes-hommes, c’est le moyen le plus puissant pour éradiquer les violences sexistes et sexuelles. »

Vous militez pour l’égalité au sein du collectif de la Grève féministe à Genève. Qu’est-ce que cet engagement peut apporter à l’Assemblée nationale ?

 

En tant que socialiste il est pour moi essentiel que l’égalité femmes-hommes devienne une grande cause nationale, c’est ce que je porterai à l’Assemblée nationale. C’est la clef de voute de la révolution éducative, de l’égalité salariale et d’une fiscalité plus juste. L’égalité femmes-hommes, c’est le moyen le plus puissant pour éradiquer les violences sexistes et sexuelles, pour lutter contre les violences familiales.

 

Le risque d’une victoire du Rassemblement national est grand. Que se passera-t-il si Jordan Bardella devient Premier ministre ?

 

Il faut d’abord tout faire pour l’éviter. Le Nouveau Front populaire incarne la seule force politique qui a appelé, dès dimanche soir au désistement de ses candidats pour faire battre l’extrême droite, face à l’irresponsabilité du camp du Président de la République qui a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale et qui a cultivé une ambiguïté regrettable sur le front républicain au second tour.

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