La France sera-t-elle dirigée par l’extrême droite ?

Le Rassemblement national (RN) est arrivé en tête du 1er tour des élections législatives en France avec 29,25 % des voix. L’Assemblée nationale risque donc d’être gouvernée par une majorité absolue d’extrême droite. Face au parti fondé par d’anciens miliciens nazis et aux hésitations de nombreux soutiens d’Emmanuel Macron, le Nouveau Front populaire tente de faire barrage. « direct » vous explique pourquoi le RN n’est pas un parti comme les autres.

Marine Le Pen (RN) réagit aux résultats du 1er tour des élections législatives le 30 juin. Photo : KEYSTONE / Thibault Camus

Sous couvert d’un changement de nom en 2018, passant de Front national à Rassemblement national, le RN tente de plus en plus de s’affranchir de son image de parti raciste et misogyne et refuse d’être accolé à la notion d’extrême droite. Pourtant, comme l’ont rappelé de nombreuses personnes, le parti s’est bel et bien constitué sur les bases d’une idéologie issue du fascisme. « direct » vous propose un aperçu de son programme et des dangers que le RN fait courir à un certain nombre de personnes.

Contre le pouvoir d’achat

Le RN fait croire partout qu’il défendra le pouvoir d’achat de la population. Pourtant, son président Jordan Bardella s’est opposé à l’augmentation du salaire minimum (SMIC) en pleine crise de l’inflation. En 2022, les député-es RN ont même voté contre l’augmentation du SMIC. . Le RN s’oppose également à l’indexation des salaires sur l’inflation. Au niveau européen, les député-es RN ont voté contre l’instauration d’un salaire minimum en Europe.

Contre les droits des femmes

Jordan Bardella, pressenti pour devenir Premier ministre en cas de victoire du RN, répète à l’envi que son parti serait « le parti des femmes ». Malgré le soutien poli de Marine Le Pen à l’inscription de l’IVG dans la Constitution, le RN représente toujours une menace pour les femmes et leurs droits. Lors du vote pour l’inscription de l’IVG dans la Constitution en 2024, 11 parlementaires RN ont voté contre et 20 se sont abstenu-es. De plus, le RN s’est opposé à un allongement du délai d’IVG de 12 à 14 semaines.

Dans le secteur professionnel, le RN s’est opposé à une loi visant à renforcer l’accès des femmes aux responsabilités dans la fonction publique en 2023 et n’a pas pris part à un vote au sujet de l’égalité salariale hommes-femmes.

Au niveau européen, les député-es RN se sont abstenu-es de voter la loi visant à renforcer la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

Contre la protection de l’environnement

Le RN souhaite développer fondamentalement l’énergie nucléaire en lançant un plan baptisé « Marie Curie ». Ce choix fait froid dans le dos, lorsqu’on se rappelle que Marie Curie était binationale franco-polonaise. Ce plan prévoit la construction de 10 nouveaux réacteurs nucléaires d’ici 2031, et 10 autres dès 2036. À l’inverse, le RN veut mettre en place un moratoire sur toute nouvelle construction de chantier éolien. La politique             « environnementale » du RN navigue donc à contre-courant des pays comme la Suisse, qui ont acté définitivement la sortie de l’énergie nucléaire.

Contre une France solidaire

Le parti de Jordan Bardella veut supprimer le droit du sol en France. Actuellement, un enfant né en France de parents étrangers peut se voir attribuer la nationalité française à 18 ans, sous conditions. Le RN souhaite supprimer cela. Il souhaite également restreindre la libre circulation dans l’espace Schengen uniquement aux ressortissant-es européen-nes.

Le RN souhaite également mettre en place une priorité nationale concernant l’emploi et le logement social ainsi que réserver les aides sociales aux Français-es. Le RN souhaite également interdire purement et simplement aux binationaux d’occuper un certain nombre de postes. Comme l’a rappelé le journal Le Monde, cela constituerait probablement une discrimination inconstitutionnelle.

Contre la communauté LGBTQIA+

Même si les eurodéputé-es du RN ont voté en faveur de la dépénalisation universelle de l’homosexualité et de la transidentité début 2024, ils ont refusé de déclarer l’Europe comme « zone de liberté LGBTIQ » en 2021. De plus, Marion Maréchal-Le Pen s’est toujours opposée aux subventions des plannings familiaux et associations LGBT qu’elle juge « trop politisés ».

Contre une Europe solidaire

En ce qui concerne la Palestine, le président du RN affirme que reconnaître un État palestinien aujourd’hui, « ce serait reconnaître le terrorisme ». Fondé par des nostalgiques de l’Algérie française, le RN veut également « rétablir l’ordre » en Nouvelle-Calédonie et défend la « Calédonie française ». Depuis 1986, l’ONU elle-même considère que la Nouvelle-Calédonie est un territoire « non-autonome ».

Dimanche, la France choisira son destin. Les résultats du 2nd tour des élections législatives auront un effet sur toute la politique européenne, y compris en Suisse.

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