Le dictateur syrien Bachar Al-Assad, responsables de la mort de centaines de milliers de personnes, a fui son pays en début de semaine. Depuis, l’instabilité règne : sans véritable gouvernement et avec des infrastructures qui fonctionnent à peine, le pays aura besoin de temps et de ressources pour se remettre de dix ans de guerre civile.
Malgré cette situation dramatique, l’UDC a appelé lundi à « renvoyer chez eux » les réfugié-es syrien-nes qui vivent en Suisse. « Le retour forcé doit également être engagé », a écrit le parti. Cette demande a choqué de nombreuses personnes. Ancienne ministre suisse des affaires étrangères Micheline Calmy-Rey a estimé qu’un renvoi des réfugié-es syrien-nes dans leur pays d’origine « n’est pas acceptable », en raison de l’instabilité de la situation locale.
En attendant, le Secrétariat d’État aux migrations a stoppé le traitement des demandes d’asile afin d’analyser la situation confuse sur place. En effet, en raison de l’instabilité, de nouveaux motifs d’asile pourraient bientôt apparaître, notamment pour la population kurde. Seule une clarification sérieuse permettra de garantir que le droit à la protection de toutes les personnes en fuite puisse être appliqué.
Des proches d’Al Quaïda au pouvoir
La demande de l’UDC est contraire au droit suisse et international. Le statut de réfugié-e protège les personnes dont la vie est mise en danger dans leur pays d’origine et ne peut pas être révoqué à l’emporte-pièce. Pour retirer ce droit, la Convention internationale sur le statut de réfugié exige qu’un changement durable ait lieu dans le pays d’origine des réfugié-es concerné-es. Démontrer un changement de situation durable qui ne constitue plus une menace pour les réfugié-es est impossible, dans un pays dévasté qui connaît une transition de pouvoir incertaine entre des factions opposées et des groupes religieux divers.
Hayat Tahrir al-Sham (HTS), la force rebelle islamiste qui a renversé le régime de Bachar al-Assad et qui joue un rôle majeur dans la transition, est à ce titre considérée comme une organisation terroriste par les Nations unies et l’Union européenne en raison de ses liens antérieurs avec Al-Qaïda.
La Suisse abrite de l’argent du dictateur Bachar Al-Assad
En Suisse, des voix à gauche se sont élevées pour demander plutôt des mesures de solidarité avec la Syrie. L’une d’entre elles pourrait consister à débloquer les fonds de la famille Al-Assad, bloqués en Suisse depuis 2011 et le début de la révolution syrienne, pour la reconstruction de la Syrie. Christian Dandrès et Fabian Molina, tous deux élus socialistes au Conseil national, ont récemment demandé au Conseil fédéral combien d’argent de la famille Al-Assad était bloqué en Suisse. Jusqu’ici, celui-ci a révélé que 99 millions de francs sont concernés.