Rendre la contraception gratuite, une utopie ? En réalité, agir pour renforcer l’accessibilité de la contraception permet de faire diminuer la pauvreté, en réduisant notamment le risque d’une grossesse non désirée. C’est en tout cas la conclusion d’un projet pilote mené dans le Colorado (USA) entre 2009 et 2015.
Genève particulièrement touchée
En Suisse, le canton de Genève est l’un des plus touchés. Au bout du lac, le taux d’interruptions volontaires de grossesse est de 10,5 pour 1000 femmes en 2022. Au-delà des difficultés physiques et psychiques, une grossesse non désirée renforce également le risque de sombrer dans la pauvreté.
Face à cette situation, le PS genevois a récemment lancé une initiative pour une contraception gratuite pour les femmes et les hommes dans le canton. L’initiative propose que tous les frais de contraception soient pris en charge, quelle que soit la méthode – stérilet, préservatif, pilule, etc.
Inégalités de revenus et d’accès
L’accès à la contraception est aujourd’hui fortement inégalitaire : certaines femmes doivent renoncer aux méthodes dites à long terme, faute de moyens. Un stérilet hormonal ou un implant contraceptif peuvent coûter jusqu’à 400 francs, auxquels il faut ajouter les frais de consultation. Devant le nombre de factures impayées, certain-es médecins exigent désormais des paiements sur place en liquidité, empêchant des femmes à bas revenus de bénéficier de ces méthodes de contraception.
La pauvreté s’aggrave
Devoir renoncer à la contraception, c’est prendre le risque d’une grossesse non désirée, en particulier chez les jeunes femmes. De nombreux témoignages ont mis en lumière la situation des femmes tombées dans la pauvreté à la suite d’une grossesse non désirée.
Ce risque ne touche pas que les femmes les plus jeunes. Un rapport de la faîtière Santé sexuelle suisse, publié en 2021, rappelle qu’en Suisse ce ne sont pas uniquement des jeunes femmes qui n’ont pas les moyens de financer leur contraception, mais également des familles en situation de pauvreté.
Le Parlement ne veut pas agir
En 2019, la conseillère nationale Samira Marti (PS/BL) a déposé une motion au Parlement fédéral demandant l’introduction de la contraception dans l’assurance-maladie de base. Pour l’élue socialiste, la contraception représente une lourde charge pour les jeunes adultes, les personnes en formation et les personnes à bas revenu. Cette charge, qui s’accentue avec la crise du pouvoir d’achat, les pousse à renoncer à la contraception. « Cela met en danger leur santé physique et financière », avait déclaré l’élue. La motion a été refusée par les partis de droite et du centre, et soutenue par le PS et le reste de la gauche. Genève changera-t-elle la donne ?