Explosion des loyers : les villes prennent le taureau par les cornes

Les loyers augmentent en Suisse. Les locataires subissent une forte pression, en particulier dans les villes et les zones urbaines. De Lausanne à Bâle en passant par Lucerne et Zurich, des solutions sont désormais proposées pour enrayer l'explosion des coûts et renforcer les contrôles.

Photo: Unsplash (Ivan Guerrero)

Face à des propriétaires immobiliers assoiffés de profits et une législation fédérale qui n’est pas respectée, les zones urbaines doivent parfois agir elles-mêmes contre l’explosion des loyers. C’est notamment le cas de Bâle : en 2021, la population de Bâle-Ville a accepté à 53 % de protéger les locataires en introduisant un contrôle des loyers. Les règles adoptées par les habitant-es de Bâle-Ville sont celles qui existent déjà dans les cantons de Genève et de Vaud.

Protection contre les loyers illégalement élevés

La loi bâloise s’applique en période de pénurie de logements, c’est-à-dire les périodes où le taux de logements vacants est inférieur à 1,5 %. Lorsque c’est le cas, les propriétaires immobiliers doivent appliquer de nouvelles règles pour les rénovations, les nouvelles constructions ou la création de propriétés par étage : on y trouve notamment un contrôle des loyers limité dans le temps et des critères de respect de l’environnement. Cela doit permettre d’empêcher les résiliations de baux en masse et des rendements supérieurs à ce que la loi fédérale autorise.

Au niveau suisse, le Groupe socialiste agit aussi au Parlement. Déposée par la conseillère nationale Jacqueline Badran (ZH), une motion propose que les cantons et les communes puissent contrôler les loyers sur leurs territoires. Cette solution permettrait en particulier aux zones sensibles, comme les villes et les centres touristiques, de contrôler périodiquement les loyers et d’éviter les rendements excessifs.

Airbnb fait grimper les loyers

Dans de nombreuses villes et dans les zones touristiques, un acteur en particulier est sous la loupe des défenseurs des locataires : la plateforme de location Airbnb. Avec des locations à court terme à destination des touristes, les propriétaires peuvent obtenir des rendements bien supérieurs à ce qui est légalement autorisé. La population locale, quant à elle, ne reçoit rien et peine à trouver des appartements libres dans les centres urbains.

Certaines villes ont désormais pris des mesures à l’encontre de ce phénomène : à Lausanne, par exemple, les propriétaires doivent signaler les locations de courte durée auprès de la commune. Ces biens locatifs ne peuvent être loués plus de 90 jours par an et les prestataires doivent tenir un registre de leurs client-es. Des élu-es socialistes dénoncent cependant le fait que ces nouvelles règles cantonales ne soient pas appliquées.

A Genève, ces règles sont elles aussi appliquées depuis 2018. Selon certains acteurs du dossier, la situation serait stabilisée mais la mise en application ne serait pas assez stricte.

Lucerne suit le PS contre Airbnb

En mars, la ville de Lucerne a quant à elle créé la sensation : les habitant-es ont accepté une initiative sur Airbnb du PS et de l’Asloca. L’initiative a été préférée à un contre-projet sans envergure soutenu par les Vert-es et les partis bourgeois. L’initiative demandait là aussi que des logements entiers ne puissent pas être loués plus de 90 jours à des touristes de courte durée.

Des demandes similaires ont été déposées ou devraient l’être bientôt à Berne, Interlaken ou encore à Zurich.

Une majorité pour le plafonnement des loyers

Au mois de mars, un sondage représentatif de Watson a permis de faire le point sur l’opinion de la population. Et le résultat est sans appel : le plafonnement des loyers obtient une majorité de soutien chez les personnes dont le revenu est inférieur à 9 000 francs. Une majorité des personnes sondées soutient également la transparence en cas d’augmentation des loyers, en particulier après un changement de locataire.

 

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