Les salaires minimums aident à lutter contre la pauvreté

Environ 55 000 personnes vivent dans la pauvreté malgré un emploi élevé ou à plein temps. Dans un nombre croissant de villes et de cantons, des salaires minimaux protègent ces personnes contre le dumping salarial.

Photo: Keystone (Christian Beutler)

Les personnes qui travaillent à Genève, dans le Jura ou à Winterthur doivent pouvoir vivre de leur salaire. C’est l’avis de la population dans cette liste non-exhaustive de lieux où un salaire minimum a été accepté dans les urnes. Les votant-es ont ainsi souhaité mettre un terme au dumping salarial. En juin, les villes de Zurich et Winterthur ont été les premières à adopter un salaire minimum au niveau communal.

Les salaires minimums protègent de la pauvreté

Les élu-es des partis bourgeois défendent régulièrement devant les entreprises qui versent des salaires très bas. Elles et ils prétendent que les salaires minimums menacent les emplois et font du mal à l’économie. Mais la plupart des études disent le contraire : selon Michael Siegenthaler, directeur du domaine de recherche Marché du travail au Centre de recherches conjoncturelles (KOF), il existe des centaines d’études sur les effets des salaires minimaux. Verdict : ils n’entraînent pas de suppressions d’emplois.

Le chercheur a indiqué à « direct » que les salaires minimaux au bas de l’échelle des salaires entraînent une hausse effective des salaires. « La recherche montre également que la mise en œuvre fonctionne plutôt bien. Les gens reçoivent un salaire plus élevé et ne perdent pas leur emploi ». Ce sont surtout les femmes qui en profitent, car elles travaillent plus que la moyenne dans les branches à bas salaires.

Initiatives dans toute la Suisse

Jusqu’à présent, les salaires minimaux n’étaient réglementés qu’au niveau cantonal : le canton de Neuchâtel connaît des prescriptions minimales depuis 2017, suivi par les cantons du Jura, de Genève, du Tessin et de Bâle-Ville. Les salaires minimums urbains de Zurich et de Winterthour sont une nouveauté en Suisse et pourraient déclencher une tendance : des élu-es socialistes de Berne et de Bienne demandent aussi des salaires minimaux dans plusieurs interventions. Dans les cantons de Vaud et du Valais, des initiatives ont également été lancées ces derniers mois à ce sujet.

La droite veut revenir sur la volonté populaire

Malgré les résultats clairs des votations cantonales et communales, la droite et le centre tentent actuellement de faire annuler ces décisions. Dans la ville de Zurich, les opposant-es veulent contester le résultat de la votation sans espoir de succès, si nécessaire jusqu’au Tribunal fédéral. Ils retardent ainsi l’introduction d’un salaire digne de plusieurs mois. Au niveau national, la majorité de droite a approuvé une motion du conseiller aux États du Centre Erich Ettlin visant à contourner les salaires minimums cantonaux. Il souhaite vider les salaires minimaux de leur substance. Les conventions collectives de travail devraient rendre caduques les prescriptions cantonales et communales. Cette attaque frontale contre la souveraineté cantonale a même arraché au conseiller fédéral UDC Guy Parmelin une prise de position en faveur des salaires minimaux : « Une loi cantonale sur les salaires minimaux a, par définition, une légitimité démocratique et doit donc avoir plus de poids qu’une convention collective de travail déclarée de force obligatoire ».

 

Série d’été « La pauvreté en Suisse »

La Suisse est l’un des pays les plus riches du monde. Pourtant, une part considérable de la population est touchée par la pauvreté ou menacée de l’être. Et le taux de pauvreté augmente depuis 2014. Quelles sont les mesures politiques nécessaires pour faire reculer la pauvreté ? Nous nous penchons sur ces questions dans notre série d’été. Abonnez-vous dès maintenant à notre newsletter pour ne pas la manquer.

 

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