Pour financer l’armée, le Parlement coupe largement dans l’aide au développement

Pour faire augmenter massivement le budget de l’armée, le Parlement coupe froidement dans les budgets de la formation, de la culture et la coopération internationale. Conséquence : des projets d’accès à l’eau et aux soins médicaux devront sûrement être abandonnés. La suppression de la contribution de la Suisse à l’UNRWA a aussi été votée. En pleine crise humanitaire à Gaza.

(KEYSTONE/Anthony Anex)

Comme l’année dernière, une lutte acharnée pour la répartition se dessine dans le cadre des débats sur le budget au Parlement national. Alors qu’un demi-milliard devrait être consacré au réarmement et que les contributions à l’agriculture devraient être augmentées, d’autres domaines comme la coopération internationale (CI) vont subir des coupes massives.

Des coupes budgétaires au détriment de la population

La majorité bourgeoise et le frein à l’endettement font peser la menace d’un programme de démantèlement sévère.  Il s’agit plus ou moins de la seule solution pour financer les centaines de millions de francs supplémentaires que l’armée recevra. Mais une grande partie des dépenses de la Confédération ne peut pas être réduite sans adaptation légale. Sur l’ensemble du budget fédéral, cela représente environ 64,4 % des dépenses. Cela concerne par exemple les contributions aux assurances sociales (AVS), mais aussi celles au fonds d0nfrastructure ferroviaire ou au fonds pour les routes nationales et le trafic d’agglomération.

Les programmes de réduction se concentrent donc sur les dépenses qui ne sont pas concernées par ces dispositions. Concrètement, ce sont surtout les postes budgétaires de la culture, de la formation, de la coopération au développement ou de l’agriculture qui sont concernés. Dans ce domaine, le Conseil fédéral et le Parlement disposent d’une plus grande marge de manœuvre. En d’autres termes, l’argent est réparti en fonction des majorités et des priorités politiques. Et ici, le puissant lobby de l’agriculture s’est taillé la part du lion.

Que signifie donc le fait que les partis bourgeois, qui représentent toujours la majorité au Parlement, veulent augmenter les dépenses de l’armée sans concept, mais de manière massive, et que le budget doit être conforme au frein à l’endettement ? Cela signifie que cette augmentation se fait directement au détriment de la formation, de la culture et de la coopération au développement.

La sécurité sacrifiée dans le démantèlement

La coupe la plus sévère concerne la coopération internationale (CI). La majorité de droite a décidé de couper 250 millions de francs dans ce domaine. La CI comprend la coopération au développement, l’aide humanitaire et l’aide au développement. Conséquence : des diminutions drastiques dans les subventions accordées à des organisations qui s’engagent de manière déterminante pour plus de paix et contre la pauvreté. Que ce soit avec des projets pour l’eau potable, les soins médicaux ou pour améliorer les perspectives de population qui en ont besoin.

La Suisse consacre aujourd’hui 0,43 % de son produit intérieur brut à la coopération internationale. C’est une somme très faible en comparaison internationale. Avec les réductions, cette contribution devrait encore baisser. Cette mesure est vivement critiquée par la gauche. En outre, malgré la crise humanitaire en cours, le Conseil national veut supprimer les fonds destinés à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugié-es de Palestine (UNRWA). La conseillère nationale Tamara Funiciello (PS/BE) a déclaré au Conseil national qu’avec cette décision, « des gens vont mourir ».

Même la ministre des Finances Karin Keller-Sutter a parlé lors du débat de « coupes douloureuses » proposées par la commission du Conseil national dans le cadre de l’augmentation du budget de l’armée. Les propositions d’économies dans la coopération internationale sont particulièrement « problématiques ». Selon Karin Keller-Sutter, il est probable que des projets doivent être interrompus. La réputation internationale de la Suisse en souffrira.

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