Voici pourquoi la réforme des caisses de pension entraîne une baisse des rentes

En septembre, les électrices et électeurs se prononceront sur le projet de réforme des caisses de pension. Celui-ci ne tient pas ses promesses : il entraîne une hausse des cotisations salariales et une baisse des rentes. Les personnes à bas revenus sont particulièrement touchées.

(KEYSTONE/Michael Buholzer)

Après que le Parlement, dominé par les partis bourgeois, a brisé le compromis des partenaires sociaux pour la réforme des caisses de pension, les syndicats et le PS ont lancé un référendum contre le projet. La raison : le projet n’apporte pas les améliorations promises pour les rentes des femmes, et conduit même à une baisse des rentes. Au lieu de réduire les rentes, il faudrait plutôt mettre un terme aux rémunérations abusives et à l’enrichissement indu du monde de la finance, estiment les expert-es.

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Baisse des rentes en raison d’un taux de conversion plus bas

Le nouveau projet vise à abaisser le taux de conversion de 6,8 à 6 %. Le taux de conversion correspond au montant de la rente en pourcentage de l’avoir de vieillesse. En bref, si le taux de conversion est plus bas, la rente versée est moins importante. Une baisse entraîne donc une diminution des rentes pour toutes et tous. Quinze générations devraient recevoir des suppléments de rente en compensation. Mais à peine la moitié de cette génération de transition recevra effectivement ces suppléments de pension – et seul un quart peut espérer en obtenir le montant total. La réforme touchera encore plus durement toutes celles et ceux qui ne font justement plus partie de la génération de transition. Ces personnes ne recevront pas de suppléments, mais ressentiront pleinement la baisse du taux de conversion. Pour elles, le projet conduit à des cotisations salariales plus élevées, pour une retraite moins élevée.

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Des charges salariales plus élevées pendant la vie active

Le projet de réforme des caisses de pension abaisse également le seuil d’entrée dans le deuxième pilier et augmente le salaire assuré. Cela peut certes conduire à une rente un peu plus élevée, car les personnes à bas revenus ne disposent souvent pas d’un deuxième pilier. Mais dans de nombreux cas, ces mini-rentes n’entraînent qu’une réduction des prestations complémentaires et non une rente effectivement plus élevée pour les personnes concernées. De plus, elles ont moins d’argent à disposition pendant leur vie active. En effet, le salaire net diminue avec le versement dans le deuxième pilier. Pour les personnes aux revenus modestes, c’est particulièrement important. Elles paient plus pendant leur vie active et reçoivent moins à la retraite en raison de la baisse du taux de conversion. Ce sont surtout les femmes qui ont travaillé à temps partiel pendant de nombreuses années en raison d’un travail de care non rémunéré ou qui travaillent dans des branches à bas salaires qui sont concernées.

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Pas de mesures contre les rémunérations abusives de l’industrie financière

Ce que le projet ne prévoit pas, ce sont des mesures contre les rémunérations abusives de l’industrie financière. Alors que les rentes doivent baisser pour beaucoup, les caisses de pension voient leurs réserves d’argent augmenter. C’est surtout l’industrie financière qui en profite. Comme l’a récemment déclaré Rudolf Strahm, ancien surveillant des prix, le mécanisme est le suivant : chaque année, l’industrie de la finance s’approprie quelque 8,1 milliards de francs dans l’administration et la gestion de la fortune du deuxième pilier. Ceci sur le dos des assuré-es. Rudolf Strahm écrit : « Il y a bien un besoin de réforme dans les caisses de pension. Mais le problème ne réside pas dans le taux de conversion – comme le fait croire le projet actuel – mais dans les coûts exorbitants de la gestion de fortune et dans le manque de formation de rentes pour les personnes travaillant à temps partiel ».

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