Vanessa Renfer, 46 ans, travaille depuis près de 20 ans dans la ferme de son mari agriculteur en tant qu’employée. À côté de son travail d’agricultrice, elle est aussi engagée à l’exécutif de sa commune et secrétaire politique dans une organisation paysanne indépendante. Malgré ses trois emplois cumulés et un taux de travail avoisinant les 100 %, Vanessa se dit inquiète pour sa future retraite : « J’ai un petit revenu agricole et je le complète avec deux autres petits revenus avec des taux qui ne me permettent pas de cotiser au 2ème pilier. À la retraite, nous dépendons donc fortement de l’AVS et de son financement solidaire », explique-t-elle. Elle souligne donc l’importance de l’AVS et d’une 13e rente pour son revenu de future retraitée.
Les bas et moyens revenus profitent d’une 13e rente
Dans le monde de l’agriculture, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 55 % des agriculteurs à la retraite ne reçoivent que l’AVS et ce taux monte même à 70 % chez les agricultrices retraitées. Il n’est donc pas étonnant que de nombreux agriculteurs et agricultrices veuillent accepter l’initiative pour une 13e rente AVS, car elle profiterait avant tout aux bas et moyens revenus.
Malgré des situations de vie difficiles, l’Union suisse des paysans a décidé de s’opposer à la 13e rente AVS et de faire campagne avec les lobbies de l’économie et des assurances. Vanessa Renfer s’estime « déçue, mais pas surprise » de cette décision. Ces dernières années, l’USP a en effet renforcé sa collaboration avec le lobby des patrons et les faîtières de l’économie. Cependant, selon plusieurs sondages, le soutien à la 13e rente AVS est majoritaire dans toutes les régions linguistiques, dans toutes les classes d’âges et dans la plupart des partis, y compris l’UDC et Le Centre.
Les femmes d’agriculteurs fortement touchées
« La pauvreté à la retraite est un sujet qui concerne en particulier les femmes, et encore plus les femmes agricultrices », déplore également Vanessa Renfer. Pour elle, la décision de l’Union suisse des paysannes et des femmes rurales de ne pas soutenir la 13e rente est regrettable. « L’USPF a mené de nombreux combats pour améliorer les conditions de vie et de travail des agricultrices. Je regrette vraiment qu’elle passe à côté de ce combat-là. »
Aujourd’hui encore, les rentes des femmes sont d’environ un tiers inférieures à celles des hommes. L’AVS est la seule assurance sociale à prendre en considération le travail d’éducation des enfants dans le calcul de la rente en accordant des bonifications. Pour Vanessa Renfer, c’est clair : elle déposera un « oui » dans l’urne. La population soutiendra-t-elle les paysannes et paysans à la retraite en votant pour une 13e rente AVS ? Les urnes rendront leur verdict le 3 mars.
Il faudrait mentionner que les paysans votent en grande majorité pour les partis opposés à la treizième rente en particulier, et contre toute mesure sociale ou environnementale en général !