Dans la campagne de votation sur la 13e rente AVS, les élu-es de gauche à droite sont d’accord : le pouvoir d’achat des retraité-es doit être protégé. Mais pour la majorité bourgeoise, seuls ceux qui en ont « vraiment besoin » sont concernés. Mais les décisions politiques de ces dernières années démontrent que l’argumentation des partis bourgeois ressemble plutôt à un écran de fumée. « direct » vous en fait la preuve par cinq :
1
Le projet de réforme des caisses de pension est un échec
En septembre 2022, le peuple a approuvé AVS21 à une très faible majorité. L’élément clé du projet : l’augmentation de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans. La gauche s’y est opposée, car les rentes des femmes sont encore nettement inférieures à celles des hommes. Lors de la campagne de votation, les partis bourgeois ont promis à plusieurs reprises de s’attaquer à ce problème dans la prévoyance professionnelle. Mais la majorité bourgeoise au Parlement a d’abord repoussé la réforme aux calendes grecques et a finalement brisé le compromis équilibré des partenaires sociaux. La réforme entraîne désormais une baisse des rentes et une hausse des cotisations salariales pour la majorité des assuré-es. Le PS et les syndicats ont lancé un référendum contre cette réforme.
2
Le renchérissement n’est pas compensé intégralement dans l’AVS
Il y a tout juste un an, la majorité bourgeoise du Conseil national et du Conseil des États a refusé d’entrer en matière sur l’adaptation complète des rentes AVS au renchérissement. Pour protéger le pouvoir d’achat, les rentes sont adaptées à un indice mixte. Mais pour la majorité bourgeoise, cela allait déjà trop loin, même dans la variante minimale du Conseil fédéral qui, avec 2,8 %, voulait seulement compenser le renchérissement résiduel en 2022. Quant aux rentes des caisses de pension, elles ne bénéficient pas de la compensation légale du renchérissement.
3
Les rentes de veuve sont sur le point de disparaître
Selon un arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg, la Suisse doit adapter ses rentes de survivant-es. Actuellement, les veuves sont mieux loties que les veufs dans l’AVS. Mais au lieu de relever les rentes des veufs au niveau de celles des veuves, le Conseil fédéral, dominé par les partis bourgeois, préfère diminuer ces dernières. Cela signifie des réductions de plus de 700 millions de francs, au détriment des femmes veuves et de leurs enfants. La consultation sur cette réduction des rentes de veuve est encore en cours. Une fois cette consultation terminée, le projet sera traité au Parlement.
4
Les rentes AVS pour enfants sont attaquées
Toute personne ayant atteint l’âge de la retraite et ayant un enfant peut faire valoir son droit à une rente pour enfant. Cela vaut jusqu’à l’âge de 18 ans ou, si l’enfant est encore en formation, jusqu’à l’âge de 25 ans. Il en va de même, en partie, pour les enfants placés. La majorité bourgeoise de la commission compétente du Conseil national veut maintenant supprimer ces rentes pour enfants. Elle a adopté une motion en ce sens en janvier 2024. En 2019 déjà, le centre-droit avait réduit les rentes pour enfants des bénéficiaires de l’AI dans le cadre de la réforme de cette dernière.
5
Les prestations complémentaires (PC) sont réduites
En 2019, tous les partis bourgeois ont approuvé en bloc la réforme des PC et ont ainsi approuvé des réductions des prestations complémentaires. Les modifications sont entrées en vigueur en 2021 et le délai transitoire expirait fin 2023. Depuis le début de l’année, des dizaines de milliers de personnes qui devaient déjà se contenter du minimum reçoivent encore moins d’argent. Selon les estimations de la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS), environ 8100 bénéficiaires de PC ont complètement perdu leur droit et on estime que 70 000 personnes reçoivent 300 francs de moins par mois depuis cette année. Deux tiers de ces personnes sont des retraité-es, un tiers des bénéficiaires de l’AI.