« Ces féminicides, tout comme ceux perpétrés au cours des précédentes années, représentent le point culminant des violences faites aux femmes », écrit le Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes (BFEG). Cette violence a désormais atteint une nouvelle dimension : au cours des six derniers mois, une femme ou une fille a été tuée toutes les semaines et demie en Suisse, ce qui représente une augmentation significative par rapport aux années précédentes. Face à ces chiffres alarmants, la Confédération, les cantons et les communes appellent à une action coordonnée à tous les niveaux de l’État.
Après une réunion extraordinaire, les acteurs concernés ont défini trois mesures urgentes pour renforcer la sécurité des femmes en Suisse.
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Créer des solutions locales pour répondre au manque de places dans les refuges
Diverses organisations, dont les Femmes socialistes et Brava, ont récemment demandé dans une pétition davantage de maisons d’accueil pour femmes. Selon les recommandations du Conseil de l’Europe, la Suisse devrait mettre à disposition une chambre pour 10 000 habitants. Or, il n’y en a actuellement que 0,24 pour 10 000 habitants.
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Prévenir la violence lors des séparations en formant les professionel-les et en clarifiant les pratiques
Statistiquement, la phase de séparation est la période la plus dangereuse pour les femmes dans une relation conjugale avec un homme. La criminologue Nora Markwalder l’explique ainsi au journal Work : « L’auteur ne pouvait manifestement pas accepter que la relation se brise. Il s’est dit : si je ne peux pas avoir cette femme, personne ne l’aura. »
3
Analyse systématique des féminicides
À ce jour, il n’existe pas d’analyses approfondies sur les féminicides permettant d’améliorer la prévention. Une approche consisterait à avertir les partenaires des hommes violents. Les autorités savent souvent que les auteurs ont déjà des antécédents de violence. Mais pour des raisons juridiques, elles ne sont pas autorisées à informer leurs nouvelles partenaires.
C’est ce qui est arrivé à Nicole Dill, qui a survécu à un féminicide : son partenaire de l’époque avait passé plusieurs années en prison pour meurtre. Nicole Dill n’en savait rien. Lorsqu’elle a senti que quelque chose n’allait pas, elle a voulu en savoir plus auprès de la police, mais n’a obtenu aucune information pour des raisons de protection des données. Nicole Dill a alors porté plainte contre la Suisse devant la Cour européenne des droits de l’homme et a obtenu gain de cause : la police aurait dû la prévenir.
Un bilan intermédiaire de la mise en œuvre de ces mesures sera dressé à l’automne. Il est préoccupant de constater que, malgré ces mesures, aucun financement additionnel n’est prévu pour renforcer la protection des femmes. Or, ce financement serait absolument nécessaire, en particulier dans le domaine des foyers d’accueil pour femmes et de l’aide aux victimes.