Les personnes qui ont besoin de soins médicaux fréquents ou qui ont un revenu plus faible choisissent probablement la franchise minimale auprès de leur assurance-maladie. Avec ce modèle, les primes mensuelles sont certes plus élevées, mais l’assurance-maladie prend en charge les frais à partir d’un montant plus faible.
Sous prétexte de « maîtrise des coûts », les partis bourgeois veulent maintenant augmenter cette franchise minimale de 300 francs. De plus, elle devra être réadaptée en fonction de l’évolution des coûts de santé.
L’UDC, à l’origine de la motion correspondante, n’a pas encore précisé de combien de francs elle souhaite augmenter la franchise. Mais même une augmentation minime devrait accroître massivement la pression déjà forte sur les assuré-es. Outre les malades chroniques, ce sont surtout les personnes à faibles revenus qui devront prendre la franchise minimale faute de moyens financiers.
Une quote-part plus élevée pour les malades chroniques
Les conséquences sont claires : pour les personnes souffrant de maladies chroniques, la quote-part augmente pour les traitements coûteux. Les personnes âgées, qui consultent également plus souvent un médecin, devront aussi payer davantage de leur poche malgré une pension modeste. Et les patient-es à faibles revenus renoncent aux traitements médicaux parce qu’ils n’ont pas assez d’argent pour payer la facture.
Aujourd’hui déjà, les Suisses et Suissesses doivent payer de leur poche des frais bien plus élevés que les habitant-es des autres pays de l’OCDE. L’augmentation de la franchise minimale ne fera qu’aggraver la situation. En outre, environ 15 % des personnes ne consultent pas ou trop tard un-e médecin, parce qu’elles n’en ont pas les moyens. Ce pourcentage a augmenté au cours des dernières années.
Les caisses maladie ne cachent pas que ceci est l’un des objectifs de l’augmentation. Grâce à l’augmentation de la franchise minimale, les patient-es « réfléchiraient encore plus consciemment à la possibilité et au moment de consulter un-e médecin », déclare une économiste de la santé qui travaille pour une caisse maladie. Ce qu’elle voulait dire en réalité, c’est que seules les personnes riches devraient avoir la possibilité et le privilège d’avoir accès à des traitements médicaux à tout moment.
Des mesures pour réduire les primes sont sur la table
Pour mettre fin à cette inégalité, les primes des caisses maladie devraient être calculées de manière progressive : celles et ceux qui gagnent plus paient plus, et inversement. En outre, le Parlement ne peut réduire efficacement les primes que si des mesures de réduction des coûts sont adoptées. Il s’agit notamment de nouveaux tarifs neutres en termes de coûts, d’abolir la logique de profit dans le secteur de la santé et de l’introduction d’une caisse maladie publique.