L’égalité est un principe fondamental de la démocratie : chaque personne dispose d’une voix et toutes les voix ont la même valeur. Mais ce principe est soumis à une forte pression.
L’inégalité des richesses s’accentue, tout comme le pouvoir des milliardaires. Le principe d’égalité s’en trouve affaibli et les intérêts des super-riches sont de plus en plus pris en compte dans la politique. Pour lutter contre cette attaque envers la démocratie, l’initiative pour l’avenir demande une imposition de 50 % sur les héritages supérieurs à 50 millions de francs.
Car les héritages jouent un rôle important dans la constitution de ces fortunes colossales. Rien que l’année dernière, 90 milliards de francs ont été légués. L’initiative vise à réduire la concentration extrême des richesses et l’influence qui en découle des milliardaires, tels que Christoph Blocher, sur la politique partisane et la démocratie.
Les milliardaires et leur influence excessive sur la politique
Grâce à leurs fortunes colossales et à leur part actionnariale dans des entreprises, les super-riches disposent d’un pouvoir financier et économique considérable. Mais depuis un certain temps, les super-riches aspirent à davantage de pouvoir : ils veulent également exercer une influence politique, voire accéder eux-mêmes au pouvoir politique.
Les milliardaires, tels que Trump ou Blocher ne font pas exception à la règle. Les personnes disposant d’un capital financier aussi élevé se présentent plus souvent que la moyenne et avec un succès remarquable à des fonctions publiques, en particulier à des postes particulièrement influents.
Moins visibles, mais d’autant plus importantes, sont les mesures indirectes visant à exercer une influence politique. De nombreux milliardaires financent des partis politiques par des dons généreux et s’assurent ainsi leur bienveillance politique. Ainsi, l’UDC reçoit régulièrement plusieurs centaines de milliers de francs de la Fondation Swiss-Life. Le président du conseil de fondation, Rolf Dörig, est membre du parti.
Ces dons importants ont souvent un effet certain : diverses études ont montré que les besoins des milliardaires sont davantage pris en compte par les responsables politiques que les préoccupations de la population dans son ensemble. Ainsi, les impôts sur la fortune ont été considérablement réduits ces dernières années.
Le rêve d’un PDG de l’État
On a pu observer récemment aux États-Unis jusqu’où peut aller l’influence des milliardaires. Elon Musk, l’homme le plus riche du monde, a obtenu un poste influent dans une agence créée spécialement pour lui afin de procéder à des coupes budgétaires massives dans l’administration publique américaine.
Le milliardaire germano-américain Peter Thiel a une vision encore plus radicale. Il appartient à un mouvement qui trouve des adeptes, notamment dans les cercles des milliardaires de la technologie de la Silicon Valley. Ce mouvement considère que la démocratie n’est pas compatible avec la liberté. Il souhaite plutôt un exécutif tout-puissant, semblable à un PDG, qui ne soit plus soumis à la séparation des pouvoirs et qui dirige l’État comme une entreprise.
Les milliardaires en politique ne sont pas non plus une nouveauté en Suisse. Christoph Blocher a d’abord pris le contrôle de l’UDC zurichoise, puis de l’UDC suisse. Le milliardaire a transformé un parti bourgeois par excellence en un parti populiste de droite et xénophobe.
Malgré sa fortune de plusieurs milliards et ses nombreux mandats au sein de conseils d’administration, Christoph Blocher s’est toujours présenté comme « un homme du peuple » tout en militant pour des allégements fiscaux pour les entreprises et les riches. En transformant l’UDC, Blocher nuit encore aujourd’hui à la démocratie en Suisse.
