Élites riches en pleine expansion : comment les partis d’extrême droite progressent

C'est désormais une réalité : Donald Trump est le 47ème président des États-Unis. Sa victoire contre les démocrates ouvre la voie à de nombreux autres partis d'extrême droite en Europe pour accéder au pouvoir. Ils suivent tous le même manuel : mensonges, populisme, beaucoup d'argent et diabolisation des femmes et des minorités.

Bardella RN extrême droite
Source : keystone/Olivier Corsan

« Nous vivons une époque où le fascisme est possible », a expliqué l’hiver dernier à « direct » la politologue autrichienne et spécialiste de l’extrémisme de droite Natascha Strobl. La raison : les partis d’extrême droite gagnent des parts de voix dans toute l’Europe. Et la victoire de Trump lors des élections américaines de novembre légitimise ce qui semblait impensable il y a quelques années : une politique polarisante, raciste et misogyne, le déni de la crise climatique et plus de pouvoir pour les élites riches. Ces thèmes sont devenus les best-sellers politiques des partis d’extrême droite à travers le monde. Non seulement aux États-Unis, mais aussi dans de nombreux pays européens, ces partis gagnent du terrain. Quels sont leurs objectifs ? Un aperçu.

AfD: Protéger les «frontières», réduire le droit d’asile, centrales à charbon et nucléaires

« Alice für Deutschland » (« Alice pour l’Allemagne ») : c’est sous ce slogan que la candidate à la chancellerie et cheffe de file de l’AfD, Alice Weidel, fait campagne avant les prochaines élections en Allemagne. Ce slogan n’a pas été choisi au hasard : « Alles für Deutschland » (« Tout pour l’Allemagne ») était pendant la période nazie le slogan de la Sturmabteilung (SA) et est interdit en Allemagne. La nouvelle version utilisée par Alice Weidel, en revanche, ne l’est pas. Cependant, cela a été différent pour Bernd Höcke, président du groupe AfD à Thuringe : il avait réutilisé cette phrase mot pour mot lors d’un discours de campagne et a donc été condamné à une amende.

Selon les prévisions, l’AfD pourrait gagner significativement lors des prochaines élections en Allemagne. Le parti, qui se présente comme une « alternative » pour l’Allemagne, est régulièrement accusé de propos racistes et d’exigences discriminatoires. Récemment, ce parti d’extrême droite a exigé que les requérants d’asile en Allemagne ne puissent plus participer à des événements publics. Le parti entretient également des liens jusqu’au camp néo-nazi et n’en fait pas mystère : lors du congrès du parti à Riesa début janvier, Weidel a parlé avec beaucoup de pathos de « remigration », un terme de combat de la « Nouvelle Droite ».

Fratelli d’Italia : contre la migration, les modèles familiaux alternatifs et les homosexuels


Tandis que l’AfD tente avec succès de gagner davantage d’influence en Allemagne, le parti d’extrême droite Fratelli d’Italia est déjà au pouvoir depuis 2022, grâce à l’élection de Giorgia Meloni au poste de Présidente du Conseil des ministres. Les « Frères » sont issus du mouvement néofasciste « Movimento Sociale Italiano », fondé en 1946. Ils prônent une politique migratoire répressive et un conservatisme familial qui restreint fortement les droits LGBTQ+. Dans sa jeunesse, Meloni a qualifié le fasciste et criminel de guerre Benito Mussolini de « bon politicien ». Elle maintient que tout ce que Mussolini ait fait, il l’ait fait pour l’Italie. Même lorsqu’il y a eu récemment des incidents impliquant la jeune section du parti Fratelli d’Italia, Meloni n’a pas réussi à se distancier du fascisme — malgré les saluts romains, les cris de « Sieg-Heil » et des chants clairement fascistes.

Freiheitliche Partei Österreichs : « Forteresse Autriche, forteresse de liberté »

Le parti autrichien d’extrême droite, le Parti de la liberté (FPÖ) sous la direction de son président Herbert Kickl, va encore plus loin. Au début de l’année, Kickl a reçu la mission de former un gouvernement en Autriche. Loin d’être modéré, Kickl utilise sans hésitation le jargon nazi : il se qualifie lui-même de « chancelier du peuple ». Ce terme était utilisé par Hitler autour de 1933 lors de la prise de pouvoir de la NSDAP en Allemagne, avant que le mot « Führer » soit devenu courant.

Lorsqu’il s’agit du ressenti de Kickl envers la Waffen-SS, les choses deviennent encore plus scandaleuses. « La culpabilité est individuelle, tout comme l’innocence. Et nous ne pourrons pas convenir que l’on puisse accuser collectivement d’un crime un groupe ou une unité comme la Waffen-SS », a dit le politicien. De telles déclarations confirment ce que l’experte de l’extrême droite Natascha Strobl dit à propos de Kickl : « Il faut le prendre au mot. » Par exemple, lorsqu’il s’agit des demandes du parti pour la création de « centres de migration dans les pays étrangers », d’« expulsions forcées » et de « rémigration ».

Rassemblement National : « Français-es d’abord », contre la migration et les musulmans

Dans le voisinage de l’extrémisme ouvert se promène aussi la troisième force politique en France : le Rassemblement National veut fortement réduire l’immigration et durcir considérablement le droit d’asile. Le parti emploie une rhétorique fortement antimusulmane et exige que les citoyen-nes français doivent bénéficier de privilèges.

Le nouveau chef du parti, Jordan Bardella, utilise aussi le langage de la « nouvelle droite » : dans le magazine « Marianne », il écrit que le peuple français était en danger et abandonné par les « élites », et qu’une « substitution des populations » se produirait à cause de l’immigration. Avec ce terme de combat, l’idée d’un prétendu « Grand Remplacement » alimente le racisme antimusulman, l’antisémitisme et pave la voie pour des théories du complot farfelues.


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