« Nous vivons une époque où le fascisme est possible », a expliqué l’hiver dernier à « direct » la politologue autrichienne et spécialiste de l’extrémisme de droite Natascha Strobl. La raison : les partis d’extrême droite gagnent des parts de voix dans toute l’Europe. Et la victoire de Trump lors des élections américaines de novembre légitimise ce qui semblait impensable il y a quelques années : une politique polarisante, raciste et misogyne, le déni de la crise climatique et plus de pouvoir pour les élites riches. Ces thèmes sont devenus les best-sellers politiques des partis d’extrême droite à travers le monde. Non seulement aux États-Unis, mais aussi dans de nombreux pays européens, ces partis gagnent du terrain. Quels sont leurs objectifs ? Un aperçu.
AfD : Protéger les « frontières », réduire le droit d’asile, centrales à charbon et nucléaires
« Alice für Deutschland » (« Alice pour l’Allemagne ») : c’est sous ce slogan que la candidate à la chancellerie et cheffe de file de l’AfD, Alice Weidel, fait campagne avant les prochaines élections en Allemagne. Ce slogan n’a pas été choisi au hasard : « Alles für Deutschland » (« Tout pour l’Allemagne ») était pendant la période nazie le slogan de la Sturmabteilung (SA) et est interdit en Allemagne. La nouvelle version utilisée par Alice Weidel, en revanche, ne l’est pas. Cependant, cela a été différent pour Bernd Höcke, président du groupe AfD à Thuringe : il avait réutilisé cette phrase mot pour mot lors d’un discours de campagne et a donc été condamné à une amende.
Selon les prévisions, l’AfD pourrait gagner significativement lors des prochaines élections en Allemagne. Le parti, qui se présente comme une « alternative » pour l’Allemagne, est régulièrement accusé de propos racistes et d’exigences discriminatoires. Récemment, ce parti d’extrême droite a exigé que les requérants d’asile en Allemagne ne puissent plus participer à des événements publics. Le parti entretient également des liens jusqu’au camp néo-nazi et n’en fait pas mystère : lors du congrès du parti à Riesa début janvier, Weidel a parlé avec beaucoup de pathos de « remigration », un terme de combat de la « Nouvelle Droite ».
Fratelli d’Italia : contre la migration, les modèles familiaux alternatifs et les homosexuels
Tandis que l’AfD tente avec succès de gagner davantage d’influence en Allemagne, le parti d’extrême droite Fratelli d’Italia est déjà au pouvoir depuis 2022, grâce à l’élection de Giorgia Meloni au poste de Présidente du Conseil des ministres. Les « Frères » sont issus du mouvement néofasciste « Movimento Sociale Italiano », fondé en 1946. Ils prônent une politique migratoire répressive et un conservatisme familial qui restreint fortement les droits LGBTQ+. Dans sa jeunesse, Meloni a qualifié le fasciste et criminel de guerre Benito Mussolini de « bon politicien ». Elle maintient que tout ce que Mussolini ait fait, il l’ait fait pour l’Italie. Même lorsqu’il y a eu récemment des incidents impliquant la jeune section du parti Fratelli d’Italia, Meloni n’a pas réussi à se distancier du fascisme — malgré les saluts romains, les cris de « Sieg-Heil » et des chants clairement fascistes.
Freiheitliche Partei Österreichs : « Forteresse Autriche, forteresse de liberté »
Le parti autrichien d’extrême droite, le Parti de la liberté (FPÖ) sous la direction de son président Herbert Kickl, va encore plus loin. Au début de l’année, Kickl a reçu la mission de former un gouvernement en Autriche. Loin d’être modéré, Kickl utilise sans hésitation le jargon nazi : il se qualifie lui-même de « chancelier du peuple ». Ce terme était utilisé par Hitler autour de 1933 lors de la prise de pouvoir de la NSDAP en Allemagne, avant que le mot « Führer » soit devenu courant.
Lorsqu’il s’agit du ressenti de Kickl envers la Waffen-SS, les choses deviennent encore plus scandaleuses. « La culpabilité est individuelle, tout comme l’innocence. Et nous ne pourrons pas convenir que l’on puisse accuser collectivement d’un crime un groupe ou une unité comme la Waffen-SS », a dit le politicien. De telles déclarations confirment ce que l’experte de l’extrême droite Natascha Strobl dit à propos de Kickl : « Il faut le prendre au mot. » Par exemple, lorsqu’il s’agit des demandes du parti pour la création de « centres de migration dans les pays étrangers », d’« expulsions forcées » et de « rémigration ».
Rassemblement National : « Français-es d’abord », contre la migration et les musulmans
Dans le voisinage de l’extrémisme ouvert se promène aussi la troisième force politique en France : le Rassemblement National veut fortement réduire l’immigration et durcir considérablement le droit d’asile. Le parti emploie une rhétorique fortement antimusulmane et exige que les citoyen-nes français doivent bénéficier de privilèges.
Le nouveau chef du parti, Jordan Bardella, utilise aussi le langage de la « nouvelle droite » : dans le magazine « Marianne », il écrit que le peuple français était en danger et abandonné par les « élites », et qu’une « substitution des populations » se produirait à cause de l’immigration. Avec ce terme de combat, l’idée d’un prétendu « Grand Remplacement » alimente le racisme antimusulman, l’antisémitisme et pave la voie pour des théories du complot farfelues.
Justement les partis d’extrême droite gagnent du terrain en Occident et comme vous le dites, ils utilisent le même manuel, c’est « L’Internationale Réactionnaire » comme disait le Journal français »Le Monde », à propos de l’investiture de Trump, du fait de l’assemblée de plusieurs leaders internationaux de la droite radicale à cet événement.
Ainsi, pour contrer ces partis de l’extrême droite, il faut que les partis politiques de gauche et centre gauche se réinventent et s’adaptent, et à mon avis en tant que Sociologue et Historien, sur trois éléments:
-1er élément: la maîtrise des réseaux sociaux: à l’heure du numérique, tout est virtuel, la communication et les campagnes d’adhésion doivent se faire sur les réseaux sociaux. L’un des points forts de ces partis d’extrême droite, c’est la maîtrise des réseaux sociaux avec des messages simplistes et truffés du mensonge, comme vous l’aviez mentionné.
-2è élément: mettre en avant des thèmes prioritaires du quotidien des gens: pouvoir d’achat, immigration (pas en discriminant ou criminalisant les immigrés comme le font les partis d’extrême droite mais en humanisant les immigrés et montrer combien ils sont bénéfiques pour les sociétés pas seulement occidentales mais humaines), emplois, industries (mais des industries renouvelables pour la gauche), la sécurité (car par exemple le conseil municipal (de gauche en majorité) de Lausanne veut désarmer la police, ça renvoie un mauvais signal à des personnes qui ont des biens et qui veulent être protégés.
Ces personnes voteront notamment des partis d’extrême droite qui ont un langage très fort sur la sécurité.
Donc la sécurité ne doit plus être un thème de droite mais plutôt aussi de gauche(s).
Ensuite mettre au second plan des thèmes comme le changement climatique. Car comme je le disais déjà dans un article ici sur toujours ce sujet des partis de l’extrême droite et de partis de gauche, c’est que le changement climatique est un thème prioritaire et important, mais malheureusement si vous demandiez à un chômeur ou à quelqu’un qui a du mal à nouer les deux bouts du mois (y compris pour un militant de gauche ou gauches qui se trouve dans cette situation), pour lui c’est pas prioritaire le changement climatique, pour lui au contraire ce qui prioritaire c’est l’immédiat, c’est le manger, c’est le pouvoir d’achat, – car comme disait Karl Marx : « on ne réfléchit pas de la même manière dans un château que dans une maison de chaume » – et ça les partis d’extrême droite savent bien le faire.
3è élément: les partis de gauche et centre gauche doivent laisser cette image élitiste qu’ils renvoient le plus souvent à une partie de la société comme les personnes qui n’ont pas fait de longues études, les personnes des milieux ruraux. Cette image élitiste ne peut qu’être enlevée en mettant justement au second plan un certain nombre de choses sur les programmes politiques de gauche, par exemple l’écologie.
Aujourd’hui l’écologie est vue en grande partie par les milieux ruraux, comme les agriculteurs, les éleveurs, et les personnes n’ayant pas de longues études, des personnes laissées pour compte dans la société (même quand ces personnes sont des militants de gauche ou gauches et se trouvent dans cette frange de la population), comme un thème qui lointain de leurs quotidiens, et un thème qui est que pour les personnes élites ou universitaires.
Ici justement nous pouvons encore parler de la citation de Karl Marx que je viens de citer ci-dessus, et dans ce cas un agriculteur pour lui le changement climatique c’est quelque chose pour les personnes qui vivent dans le confort, qui sont les héritiers, et qui peuvent prendre le temps de penser au climat, dès lors qu’on sait très bien que le climat c’est pas une bataille qui va se gagner à court terme. Donc pour l’agriculteur ce qui est à court terme qu’il peut gagner c’est ce qui le préoccupe au quotidien.
D’ailleurs c’est cette image de parti élitiste qui a fait que, aux États-Unis les démocrates n’ont pas pu gagner la dernière élection présidentielle, et Trump avait parlé dans leurs langages et de leurs priorités, aux classes de la société, laissées pour compte comme les ruraux (les agriculteurs, les éleveurs, etc…), les gens n’ayant pas fait de longues études, et bien d’autres couches de la société laissées pour compte.
Donc voilà à mon avis, les trois éléments que la gauche doit être travailler, en quelque sorte la gauche doit jouer sur le propre terrain des extrêmes droites, mais avec un paradigme différent, car comme le disait un précurseur de la lutte d’indépendance au Congo-Brazzaville, au nom de André Grénard MATSOUA c’est qu’il fallait aller à l’école du colon, c’est-à-dire pour lui il fallait que le colonisé apprenne, les codes du colon, comme aller à l’école du colon (faire des études au sens occidental), connaître son langage, sa façon de pensée, ses stratégies, afin de mieux le combattre sur son terrain, et ainsi obtenir l’indépendance.
Il fut VISIONNAIRE, car nous sommes dans les années 1926, mais ses pensées lui ont survécu, ont servi des personnes independantistes qui sont venues après lui au Congo-Brazzaville, et des politiciens du pays après l’indépendance. Et à mon avis, comme je viens de le dire, on peut transposer sa pensée dans cette bataille entre extrêmes droites et gauches en Occident.
Erratum: « Donc voilà à mon avis les trois éléments que la gauche ou les gauches doivent travailler*, en quelque sorte la gauche ou les gauches doivent* jouer sur le propre terrain des extrêmes droites (…) », j’allais dire au début de mon dernier paragraphe de mon précédent commentaire.
Merci d’avance pour votre compréhension.