De nombreux-ses chef-fes de gouvernement ont récemment vivement critiqué les crimes de guerre commis par Israël dans la bande de Gaza. La France, le Canada et la Grande-Bretagne, entre autres, exigent des actions concrètes, notamment la reconnaissance de l’État palestinien. En parallèle, le ministre des Affaires étrangères suisse, Ignazio Cassis, refuse de prendre position de manière claire et ferme.
« Nous n’avons pas le droit de faire porter tout le poids à Israël », a déclaré le conseiller fédéral début juin à la RTS. Au cours de l’interview, il a souligné à plusieurs reprises que la responsabilité du conflit et de la situation humanitaire catastrophique à Gaza incombait aux « deux parties ». L’attitude passive de Cassis lui vaut de plus en plus de critiques.
Les collaborateur-rices du DFAE écrivent une lettre ouverte
Le PS suisse a lancé un appel au Conseil fédéral, soutenu par plus de 130 000 signataires issus de la société civile. La Swiss Humanity Initiative, en collaboration avec Amnesty International, Palestine Solidarity Switzerland et la Voix juive, a également rédigé une lettre ouverte au ministre des Affaires étrangères Cassis.
Plus de 100 personnalités issues de la politique, de la culture, des sciences et de la diplomatie l’ont signée, dont les anciennes conseillères fédérales Ruth Dreifuss et Micheline Calmy-Rey. Dans une lettre séparée, 55 ancien-nes diplomates ont mis en garde contre un « nettoyage ethnique et des processus génocidaires » dans la bande de Gaza.
Des critiques émanent désormais également du Département géré par Cassis : comme le rapporte la RTS, plus de 250 collaborateur-rices du Département fédéral des affaires étrangères se sont adressé-es directement à Cassis. Ils et elles demandent à leur responsable de « condamner fermement les opérations indiscriminées et disproportionnées (…), et à prendre les mesures appropriées pour inciter Israël à respecter ses obligations ». Certain-es réfléchissent même à appeler à sa démission.
Récemment, 36 villes se sont également adressées au Conseil fédéral. Les auteurs initiaux de l’appel sont Genève et Lausanne. Berne, Zurich, Winterthour, Lucerne, Bienne, Saint-Gall et de nombreuses autres villes se sont depuis jointes à eux.
Interpellations déposées au Parlement
Le groupe parlementaire socialiste a déposé une motion au Parlement : celle-ci demande au Conseil fédéral de prendre des mesures concrètes pour faire respecter le droit international humanitaire face aux crimes commis par Israël à Gaza.
Les socialistes exigent notamment la reprise par la Suisse des sanctions de l’UE contre les colons israéliens ; l’étiquetage des produits provenant des colonies israéliennes illégales ; ainsi que la suspension de la coopération militaire et de l’accord de libre-échange avec Israël. Le Conseil fédéral doit également se prononcer clairement contre les crimes commis par Israël, en faveur de l’aide humanitaire à Gaza et de la libération des otages et des prisonnier-ères politiques.
Le co-président du groupe socialiste Samuel Bendahan exige également que le dossier Gaza soit retiré à Ignazio Cassis. Selon lui, la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter devrait le reprendre, a-t-il déclaré dans « Le Temps ». Le Vaudois a ensuite ajouté : « Comment est-ce possible de relativiser l’horreur et la situation dramatique en cours à Gaza, comme il l’a fait ? »