L’initiative anti-SSR sera soumise au vote le 8 mars. Avec elle, l’UDC demande que le budget de la SSR soit réduit de moitié. Lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui, une alliance composée du PS, des Vert-es, du PVL et du Centre a mis en garde contre les conséquences considérables de cette initiative : les recherches approfondies, les formats culturels, le journalisme régional et les offres dans toutes les langues nationales ne seraient plus finançables et disparaîtraient.
La pression croissante exercée sur les médias publics n’est pas un cas isolé en Suisse. Dans de nombreux pays, ceux-ci sont de plus en plus pris pour cible par les partis de droite, tandis que les milliardaires ne cessent d’étendre leur influence. Les ultra-riches rachètent de plus en plus souvent des journaux, des maisons d’édition ou des plateformes de réseaux sociaux entières. Ceux qui ont les moyens de s’offrir un empire médiatique disposent ainsi d’un puissant instrument d’influence politique : sur les débats, les opinions et les campagnes électorales.
Elon Musk incite à la haine devant un public de millions de personnes
L’exemple le plus marquant de ces dernières années est sans doute le rachat de Twitter par Elon Musk. En 2022, l’homme le plus riche du monde a acquis la plateforme pour 44 milliards de dollars américains. Sous la direction de Musk, ce « lieu de débat libre » autoproclamé est devenu « X », un lieu central de diffusion de théories du complot d’extrême droite, de contenu raciste, sexistes, homophobe, antisémite, et plus encore.
Elon Musk utilise lui-même activement X, diffuse ses positions d’extrême droite auprès d’environ 300 millions d’abonné-es et s’immisce ouvertement dans les campagnes électorales. Il a soutenu Donald Trump et a même obtenu, après son élection, un ministère transitoire créé spécialement pour lui (DOGE). Encouragé par son succès, il fait activement de la propagande pour l’AfD en Allemagne, que ce soit par une interview en direct avec Alice Weidel ou par un article publié dans le journal allemand « Welt am Sonntag ». Sous la direction de Musk, X est avant tout devenu un instrument politique touchant des millions de personnes.
Propagande politique déguisée
L’influence des milliardaires se fait également sentir depuis longtemps en Suisse. Christoph Blocher, dont la fortune familiale s’élève à environ 14,7 milliards de francs, a mis en place un réseau national de journaux gratuits. Il existe aujourd’hui 24 titres qui touchent chaque semaine environ un demi-million de foyers. Une enquête menée par Correctiv montre que ces journaux sont principalement constitués de communiqués de presse et d’annonces de l’UDC réécrits. La chronique personnelle de Christoph Blocher y est également publiée régulièrement : des messages politiques présentés sous forme de journalisme local.
L’initiative anti-SSR ouvre la voie aux fausses informations
Toutes ces évolutions montrent que le paysage médiatique est en pleine mutation. Alors que les plateformes de réseaux sociaux sont de plus en plus marquées par la désinformation et les fausses informations, les médias indépendants sont soumis à une pression croissante. Dans un contexte où les vérifications des faits sont réduites et où les algorithmes facilitent la diffusion de fausses informations, les médias publics ont un rôle central à jouer. En Suisse, la SSR est un pilier central contre cette évolution. Elle garantit que les recherches sont fondées sur le plan du contenu, que toutes les régions sont couvertes et que les reportages sont diffusés dans toutes les langues nationales. L’initiative anti-SSR réduirait considérablement cette offre : avec une réduction de moitié du budget, les contenus qui garantissent aujourd’hui des faits fiables, des informations vérifiées et une classification régionale seraient notamment menacés.
L’initiative demande que la redevance radio et télévision (Serafe) pour les ménages privés soit réduite de 335 francs par an actuellement à 200 francs. En outre, les entreprises ne devraient plus payer de redevance médiatique. Le budget de la SSR serait ainsi pratiquement divisé par deux. Les programmes, les offres dans toutes les langues nationales et une partie du journalisme régional devraient être fortement réduits, voire supprimés.
