Le ministre des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, a jusqu’ici refusé de reconnaître la Palestine comme État — bien que plus de 80 % des États membres de l’ONU l’aient déjà fait. Cette attitude du Conseil fédéral n’est toutefois pas partagée par la population helvétique, selon une enquête représentative de l’institut Sotomo : 57 % des personnes interrogées soutiennent la reconnaissance de l’État de Palestine. Seul 33 % s’y oppose, et 10 % sont encore indécis.

Le soutien est encore plus marqué en ce qui concerne l’accueil en Suisse d’enfants malades et blessés de Gaza : 65 % des sondé-es jugent juste que ces enfants devraient bénéficier de soins en Suisse. La Confédération prévoit d’accueillir au total 20 enfants.
Des enfants entre la vie et la mort à Gaza
Fin octobre, sept enfants sont arrivé-es par avion. Mais les directeur-tricess de la santé — tous membres de l’UDC — des cantons alémaniques de Zurich, Berne et Argovie ont refusé de les prendre en charge dans leurs hôpitaux, invoquant des craintes sécuritaires trop importantes.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 19 000 personnes sont inscrites pour être évacuées de la bande de Gaza, dont 4 000 enfants décrit-es comme « en danger de mort ». La destruction ciblée d’hôpitaux par l’armée israélienne et le blocus des aides médicales à la frontière empêchent des soins adéquats. L’OMS souligne en outre que le nombre réel de personnes nécessitant une évacuation est probablement bien plus élevé.
La position du gouvernement et des directeur-trices de l’UDC alimente par ailleurs la rhétorique génocidaire dans les milieux pro-israéliens. Sur Instagram, l’Association Suisse-Israël (l’ASI) — dont fait partie une conseillère nationale du Centre — a ainsi publié : « Puisse la palestinité bientôt appartenir au passé ! ». Face aux vives réactions, la l’ASI a finalement supprimé cette phrase.
De bonnes chances pour l’initiative Palestine
L’enquête de Sotomo montre que l’ASI est en minorité. Des expert-es en études pour la paix estiment qu’un État palestinien indépendant constitue la base d’une paix juste et durable au Moyen-Orient.
Un comité a donc récemment lancé une initiative populaire pour la reconnaissance de l’État de Palestine. Elle pourrait recueillir un large soutien transcendant les clivages partisans : selon le sondage, quatre électeur-trices sur cinq de la gauche (PS et Vert-es) approuvent la reconnaissance. La base du Centre est favorable à 50 %, le reste étant indécis. Chez les libéraux-radicaux (PLR), l’opinion est partagée, tandis que les sympathisant-es de l’UDC se montrent majoritairement opposé-es. Reste à voir si le Conseil fédéral tiendra compte de la volonté populaire et assumera ses responsabilités.